dimanche 8 janvier 2012
Un jour, je quitterai mes livres
Un jour, je quitterai mes livres. Que deviendront-ils sans moi? Ils ne pourront même pas me pleurer comme un ami que finalement on aimera encore quelques mois avant de l'oublier. Il faudra les débarrasser, les empiler, plusieurs milliers à mettre en cartons lourds à porter, mais où? On en feuillettera peut-être quelques-uns, y découvrant des pages cornées que l'on voudra lire pour percer un secret improbable, on y verra parfois, rarement, deux trois mots d'annotations inscrites au crayon à papier d'une écriture de chat, si petite qu'on en abandonnera vite la lecture. On se demandera, si l'on est curieux, pourquoi tel auteur y tient une si large place, pourquoi les japonais en occupent plusieurs rayons. On ne saura pas mes préférés, ceux que je n'ai jamais relus pour en garder le premier émerveillement. On ne saura pas ceux qui m'ont tenu chaud le soir, dans mes draps, ceux qui retiennent encore dans leurs plis le soleil de l'été et l'odeur des fruits mûrs, ceux qui m'ont vu pleurer, sur eux ou sur moi-même, ceux que l'on m'a offert parce qu'on m'avait deviné, ceux dont j'aimais sentir le papier à l'ancienne, ceux dont j'ai découpé les pages, délicatement, pour ne pas les blesser. Il n'y a pire crime que de blesser un livre. Ils ne seront alors que choses agonisantes, eux aussi, comme des verres dépareillés dans le fond d'un placard. Quelle utilité, tout cela? On les mettra en cages, animaux dangereux, un poids de vieilleries dont s'échapperont parfois un portrait, une lettre dont nul ne connaîtra celui qui l'a écrite. Et bientôt, ne restera sur les étagères vidées que la trace dans la poussière de leur vie d'autrefois que viendra caresser le soleil du dernier jour.
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9 commentaires:
Je n'ai pas la même intimité avec les livres et je suis loin d'en avoir autant. Je pense en avoir déjà beaucoup, surtout s'il on compte ceux de Fromfrom. Je me suis déjà posé la question de leur devenir si nous venions à disparaître. Assurément, ils profiteront à notre prochain.
Eh bien nos livres nous occupent l'esprit on dirait. En ce moment comme je ne peux pas faire grand chose de mes mains (ni de mon cerveau !) j'en continue l'inventaire classé, commencé sur l'ordi il y a quelques années. En prévision d'un achat d'étagères dignes de ce nom.
M'en séparer ? Ne peux y songer. N'y arrive pas.
Sauf peut-être, si un djinn farceur me faisait miroiter un marché du genre : tu abandonnes tes livres et tu gagnes un jardin. Pour chaque livre, une plante ou un arbre...Affreux dilemne, mais peu probable !
Je me sépare d'eux petit à petit. Je garde seulement les livres d'art. Et la poésie. Les images silencieuses en quelque sorte. Je m'interroge souvent : pourquoi est-ce si facile de se séparer d'eux ? Peut-être que finalement je ne les ait pas assez aimés. Et pourtant, que de belles découvertes. Je ne peux pas imaginer un instant de ne plus jamais lire. Mais les garder non.
"Et ne reste sur mes étagères vides" que quelques tableaux, quelques visages que le soleil généreux éclaire tout de même.
Je t'embrasse cher Calyste, affectueusement.
Ce sont des malins,ils ont échappé aux comités de lecture,au pilon,à ceux qui ne rendent pas ce qu'ils empruntent.En plus ils n'ont pas de morale,toi mort,ils iront se faire lire ailleurs,les miens quand je les vois déborder de partout,je leurs dis "eh les gars,vous voulez que je vous revende?"Ca les calme...oui...pas longtemps,après moi le déluge.
Beau texte que j'ai apprécié bien que je ne partage pas grand chose de ce ressenti, si l'on excepte les livres qui se consultent régulièrement, les romans je n'y suis pas attaché, je trouverais plus commode de les avoir empruntés à la bibliothèque. A part quelques exceptions il est rarissime que j'y revienne, donc leur possession m’indiffère.
Cornus: je vous le souhaite. Pour les miens, je n'en suis pas si sûr.
La Plume: attention où tu mets les pieds....
Anna: peut-être qu'ils sont en toi, tout simplement. J'en arrive à me dire la même chose pour les miens.
Ipsa: Tiens, je vais essayer avec les miens. Mais je ne suis pas sûr qu'ils me croient.
Karagar: là, nous différons totalement. Je déteste emprunter un ouvrage à une bibliothèque. En revanche, comme toi, je n'y reviens presque jamais. Il y a tant de choses nouvelles à lire.
Anna: et voilà que j'oubliais de t'envoyer mon baiser.
J'ai longtemps aimé posséder des livres, aujourd'hui, je m'en débarrasse sauf une sélection dont je ne peux me défaire. Que je suis certaine de pouvoir relire, prêter...
Georges: j'en ai également donné pas mal lors du réaménagement de mon appartement. Mais, comme toi, certains, je ne peux pas.
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