mercredi 11 janvier 2012

Le carnet noir

C'était la période des vœux. Il ouvrit son carnet noir à onglets, celui qui contenait sa vie, depuis longtemps déjà. La lettre "A" d'abord, il ne voulait oublier personne. Il parcourut la liste des adresses et des téléphones. Il sourit en pensant qu'il avait une écriture de chat.

Certains noms, biffés, lui rappelèrent d'anciennes cicatrices ou des joies d'autrefois. Il ne trouva personne à qui téléphoner. A "B" non plus, d'ailleurs, pas plus qu'à "C" ou "D". Il tourna les pages un long moment, s'arrêtant parfois pour laisser passer la vague des souvenirs.

Elle, je vais l'appeler. Je ne l'ai pas fait l'an dernier. C'était la mère de mon ami-frère, le dernier vestige de mes rêves d'enfant.

Une voix sans précaution lui dit que le numéro n'était plus attribué. Il en composa d'autres, même des plus oubliés, pour se raccrocher à l'appareil qui chauffait dans sa main. Personne ne répondit.

A l'autre bout du carnet, il avait compris que seuls étaient encore joignables les cabinets des différents médecins qui rythmaient désormais ses saisons. Il replaça le carnet dans le tiroir de son bureau, il n'aimait pas les cimetières, et soupira longuement, saisi soudain d'une étrange fatigue. Il avait beaucoup vieilli.

9 commentaires:

laplumequivole a dit…

Ouh la ouh la ouh la, Calyste ! Tu tiens absolument à nous casser le moral ?

karagar a dit…

Ouh la ouh la ouh la, Calyste ! Tu tiens absolument à nous casser le moral ?

ipsa a dit…

Mais non,il écrit...toutes ses bonnes adresses sont sur le net,dans son portable.

Cornus a dit…

Ah moi, je ne vieillis pas et il est hors de question que cela arrive, un point c'est tout.

laplumequivole a dit…

Cornus > Nous non plus on ne vieillissait pas, quand on en avait 40...figure-toi !

Cette phrase-là est plus difficile à dire 20 ans plus tard, à moins d'être aveugle.

Calyste a dit…

Dupond et Dupont: libellé "Textes" veut dire fiction. Pour un bon moment encore, j'espère.

Ipsa: il est tout de même vrai qu'avec l'âge, elles se raréfient.

Cornus: comme dit La Plume, on en reparlera dans 20 ans...

Cornus a dit…

Laplume & Calyste> Pas de problème, on en reparle dans 20 ans et vous verrez que je n'ai pas changé d'avis, tradition paternelle oblige !

Dominique Hasselmann a dit…

A la lettre D, il trouva "docteur Freud".
A la lettre F, ce fut "Gradiva" et la tête commença à lui tourner.

Décidément, ces répertoires écrits à la main, c'était n'importe quoi !

Calyste a dit…

Cornus: dans 20 ans, c'est peut-être nous qui n'auront plus l'aptitude à juger!

Dominique: Gradiva, la femme qui marche. Coïncidence: un de mes billets les plus consultés porte sur L'Homme qui marche, de Giacometti!