Que se passe-t-il quand nous ne sommes pas là? Non, ce n'est pas une question qui relève de la simple curiosité malsaine consistant à vouloir à tout prix savoir ce que les autres pensent et disent de nous dans notre dos. Ça, vraiment, je n'en ai rien à faire. J'aurais dû poser la question autrement: que se passe-t-il chez nous quand nous ne sommes pas là?
Bien que je sois relativement cartésien et que je ne crois guère aux fantômes, j'ai toujours eu du mal à accepter l'idée que les objets que nous laissons le matin dans telle ou telle position n'en bougent pas de la journée et se contentent d'attendre notre retour le soir pour reprendre une vie qui n'est pas la leur mais la nôtre. "Objets inanimés, avez-vous donc une âme?" s'interrogeait Lamartine dans un soupir romantique. Pas de romantisme dans mon questionnement à moi. Je ne parle pas d'âme mais de vie.
J'ai déjà évoqué une autre fois cette sensation passagère qui me prend parfois le soir, lorsque, en ouvrant ma porte, j'ai l'impression de rentrer dans un appartement inconnu, l'espace d'un quart de seconde avant que mon cerveau d'humain logique "remettent les choses en place". La réalité des objets qui m'entourent ne dépend-elle que de moi? Si l'un d'eux disparaît, cela n'entraîne pas ma disparition mais si je disparais, tous disparaissent à leur tour.
Lorsque j'étais enfant, je jouais à être mort. D'abord pour effrayer ma pauvre grand-mère qui ne le fut réellement qu'une seule fois, la première. Ensuite et surtout, je l'ai compris par la suite, pour voir un monde où je serais absent. Inconcevable cruauté faite à nous-mêmes que la pérennité des choses au-delà de notre existence. Ces livres que j'ai aimés, ces musiques que j'ai appréciées, ce soleil que j'ai goûté sur ma peau, ces baisers qui ont enflammé ma bouche, tout cela pourrait donc être vrai pour un autre après moi? Là sans doute réside le vrai mystère de la mort.
C'est en quittant tout à l'heure l'appartement de ma mère, appartement qui restera vide une semaine, en coupant la lumière et en refermant la porte, que j'ai repensé à tout cela.
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2 commentaires:
Tu me rappelles un ex collègue, bien que cela n'ait rien à voir. Lui, pensait que ses voisins s'introduisait chez lui pendant son absence sans effraction et déplaçait (à peine) des objets. Bien sûr, c'était de la pure folie (j'en ai eu confirmation après).
Personnellement, je n'ai pas cette sensation (la tienne) ou alors très atténuée. Quant à jouer à faire le mort, cela me fait froid dans le dos, il ne faudrait pas me faire ce genre de frayeur, il y a assez de vrais morts comme ça.
Cornus: l'envie de ce petit jeu m'a passé depuis longtemps. Depuis que j'ai connu la mort autour de moi.
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