jeudi 5 janvier 2012

Histoires de trains

Quand j'étais enfant, les trains me faisaient peur. Ces grosses machines crachant leur vapeur me semblaient des monstres prêts à m'avaler. J'ai retrouvé ces sensations en lisant plus tard La Bête humaine de Zola. Quand vint pour moi le temps de fréquenter les michelines, ces tortillards jaunes et rouges qui empruntaient de petites lignes, je me suis peu à peu réconcilié avec le rail: elles avaient un air tellement bon enfant avec leur deux wagons et leur vitesse de gens pas pressés.

Aujourd'hui, j'aime les trains, les plus lents surtout. Lors de mes voyages un peu longs, ils me donnent l'occasion de rêver, d'écrire, de regarder défiler les paysages, de contempler mes compagnons de route et de leur imaginer une histoire, des histoires. Leur bruit dans la nuit me transporte dans des horizons lointains, des gares désertes à la lumière de films noirs, des aventures intenses et sans lendemain. Le spectacle des rails parallèles et de leurs croisements aux aiguillages m'arrête lorsque j'en aperçois sur mon chemin, comme un tableau de maître, et il m'arrive souvent de les photographier, du haut d'un pont.

Un jour, au collège, j'ai entendu de longs sifflements répétés provenant de la gare de Perrache. Le cheminot qui prenait sa retraite et pour qui c'était le dernier voyage le fêtait ainsi autrefois. J'avais alors interrompu mon cours pour expliquer cela aux élèves et les faire mettre aux fenêtres pour essayer d'apercevoir la locomotive entrant en gare. Je me souviens encore de leur regard interrogateur et leur air perplexe devant mon émotion. Pour eux, sans doute, le train n'est-il qu'un moyen de transport un peu désuet permettant d'aller sans trop de fatigue d'un point A à un point B.

5 commentaires:

Cornus a dit…

Je suis petit-fils de mécanicien (ceux qu'on appelle maintenant des conducteurs de train) et cela me parle forcément, les trains même si les TGV et autres TER n'ont plus guère d'âme. Et les "hommes d'affaire" ou "bureaucrates" qui empruntent le TGV quotidiennement sont bien fades.

P. P. Lemoqeur a dit…

Ah, je suis pas le seul ! J'ai eu deux grands pères cheminots dont un mécanicien ! Les cartes de réduction, et surtout l '"économat", épicerie réservée au personnel de la SNCF où noua allions chaque semaine.
Et puis, bien sûr, les histoires du grand-père ! des histoires tristes, des histoires drôles...

karagar a dit…

Fils de cheminot, ancien lecteur de la vie du Rail et amoureux des trains lents et rapides, anciens et modernistes, de la vapeur au TGV.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ma grand'mère avait hurlé au diable lorsqu'elle a vu son premier train à vapeur.
J'aime regarder les trains, surtout lorsqu'ils sont au fond du paysage, la nuit et que filent les fenêtres lumineuses comme un ruban. J'imagine les passagers et rêve de grands voyages.

Calyste a dit…

Cornus: se rendent-ils même compte qu'ils sont dans un train, tant ils sont accrochés à leur ordi et à leur téléphone? Tiens, j'ai oublié, dans mes exaspérations, ceux qui font profiter tout le wagon de leur vie privée!

P.P: L'Economat? Je connaissais ce magasin mais il ne me semblait pas réservé chez moi au personnel de la SNCF.

Karagar: je vois que tu as de saines lectures!

Valérie: j'ai pensé à ce billet quand j'étais à Aix les Bains au début des vacances, chez un ami de chez qui on peut les apercevoir du balcon.