D'abord quel beau titre, faisant écho à un précédent livre de Pontalis: En marge des jours. Lu d'une traite et déjà à attendre le suivant, comme un enfant sa friandise.
Suite de petits textes rédigés à partir de notes prises par l'auteur dans ses cahiers privés "où je note de temps à autre tel ou tel événement du jour ou de l'un de ces événements de la nuit qui sont les rêves. Événement: ce qui arrive, ce qui survient, ce qui vous tombe dessus ou vous ravi, l'imprévu".
Comme d'habitude, Pontalis s'éloigne souvent (ou peut-être pas) de son projet initial, laissant libre cours à ses pensées, ses sensations, évoquant un retour à Paris en voiture, une femme aimée, une enfant et son baptême républicain... C'est ce que j'apprécie chez lui: on ne peut jamais anticiper la prochaine mesure de sa musique. S'il eut été compositeur, il se serait trouvé aux antipodes de Mozart.
Entendu aussi dans ces pages un écho à mes questions sur le rêve que j'ai fait il y a quelque temps à propos du porche de Saint-Trophime d'Arles:
Je me soucie moins de la signification de ce rêve que de cette énigme: comment est-il possible que ma perception du tableau de Chardin m'en restitue la présence avec une telle intensité, qu'elle soit infiniment plus précise que celle de l'état vigile quand je vais dans un musée? Réponse: les images du rêve ne sont pas des images, alors que sont-elles? Sont-elles proches de ces hallucinations qui suppriment toute distance d'avec l'objet et nous le donnent à voir, là, dans son évidence, son absolue présence?
(Jean-Bertrand Pontalis, En Marge des nuits, Ed. Gallimard, Folio.)
samedi 14 janvier 2012
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