jeudi 26 janvier 2012

Reflux

Beaucoup de blogueurs en ce moment parlent, dans leurs billets, de la mort. Mort d'un membre de la famille, mort d'un proche, d'un ami, d'une connaissance. Je suis resté très discret, voire avare de commentaires, chez eux ces jours-ci. Non que cela me laisse indifférent mais parce qu'il est très difficile de trouver les mots qui conviennent et parce que cela réveille en moi des souvenirs que je ne veux pas oublier mais que je ne veux pas réveiller non plus.

J'ai été plusieurs fois confronté ces dernières années à la disparition de quelqu'un de cher et je le serai sans doute encore dans un proche avenir. J'ai ressenti à ce moment-là les mêmes douleurs, les mêmes inhibitions que celles dont ils font état et je les comprends donc bien. Il m'a été à moi aussi très difficile d'accepter le "plus jamais", de refaire ma vie autrement, de regarder vers l'avenir plutôt que vers le passé. Pourtant, c'est indispensable si l'on veut se retrouver soi-même.

Lors de la cérémonie religieuse pour la mort de Pierre, j'ai tenu à lire un texte que j'avais écrit pour lui, pour le remercier de tout ce que nous avions vécu ensemble. Je n'ai pu allé jusqu'au bout de ma lecture sans avoir la voix cassée par l'émotion qui me submergeait. Mais il fallait que je le lise. Pour moi, pour lui. Pour tous ceux aussi qui comprendraient.

A la sortie de l'église, je n'ai pas tenu longtemps aligné avec la famille pour les condoléances. Je n'ai pas pu supporter les mots, stéréotypés mais sans doute sincères bien souvent, que j'entendais. J'ai traversé la rue et suis allé de moi-même embrassé de vieux amis que je ne voyais plus souvent.

Pourtant, il faut que je dise tout le réconfort que j'ai trouvé dans ses marques d'amitié, comme auparavant dans les visites que Pierre recevait dans sa chambre d'hôpital, toute la colère qui m'est monté face à un ami qui m'expliquait qu'il ne pouvait aller le voir parce que se rendre dans les hôpitaux le rendait malade. Je ressentais cela moi aussi avant d'être blessé. Je comprends cette réticence mais ne peux plus l'accepter aujourd'hui.

Et quelqu'un, au cimetière, devant la tombe dont les gens s'éloignaient peu à peu, m'a pris dans ses bras et m'a serré fort, sans un mot, me communiquant la chaleur dont j'avais tant besoin. Ça, je ne l'oublierai jamais.

Billet maladroit et contradictoire mais que je ne veux pas relire.

3 commentaires:

Cornus a dit…

Pas maladroit et pas contradictoire non plus à mon sens. Je peux aisément te comprendre...

Petrus a dit…

C'est curieux, j'ai failli écrire un billet aussi sur ce sujet. Tu écris toujours aussi bien tes émotions...Les nôtres voulais-je dire...

Calyste a dit…

Cornus: je viens de le relire. Je n'en enlève pas un mot.

Petrus: il ne faut pas faillir, il faut écrire. Un mois déjà sans billet...