Je descends l'escalier à la récréation. Une jeune collègue, à peine arrivée d'un an, en pleurs. Avant qu'elle ait pu cacher ses larmes, j'ai parlé: "Mais qu'est-ce qui t'arrive?". Elle aurait pu m'envoyer balader, puisque je la connais encore peu (nous n'avons aucune classe en commun). Au contraire, elle me répond: elle vient d'avoir une mutation qui la rapproche de son lieu d'habitation, c'est-à-dire Saint-Étienne. "Mais c'est très bien! Tu devrais être contente!". Elle me dit que c'est dans un collège difficile de la banlieue, que les élèves y sont réputés très durs et qu'elle sait (non pas qu'elle craint) ne pas être à la hauteur.
Alors, Papy parle de ses jeunes années d'enseignant, de ses remplacements aux Minguettes, alors cité chaude de Lyon, de sa boule le matin en prenant sa voiture, des élèves difficiles. Papy raconte aussi ses années dans un lycée professionnel, des semaines qu'il fallait passer à essayer de capter la confiance des jeunes, à leur faire comprendre que non, ils n'étaient pas complètement nuls, de ce jour avant les vacances de Noêl où ils lui avaient offert un kilo de truffes au chocolat en lui disant de bien se reposer parce qu'à la rentrée, ils allaient recommencer à être infernaux (ce qui n'eut pas lieu), de ses regrets d'eux quand il avait quitter cette "racaille" pour intégrer le collège bourgeois.
Papy parle comme depuis longtemps il n'a pas parlé à une collègue. La récréation a passé comme ça, entre deux portes. A peine le temps de fumer une cigarette. Mais elle, ses larmes avaient séché et elle me souriait. Bon courage, jeune fille.
jeudi 9 juin 2011
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6 commentaires:
Ah ben cela ne m'étonne pas...
Des fois, dans ce que me raconte Fromfrom, cela me donne une furieuse envie d'avoir une classe juste pour avoir le plaisir de dresser cette bande de petits cons qu'on prétend encore appeler des élèves qui sont juste là pour emmerder les profs. Je suis sûrement cinglé.
Cornus: je t'imagines bien en sadique botté de cuir et le fouet à la main! Mais rassure-toi, ils ne sont pas tous comme ça! D'ailleurs, je rejette plutôt la faute sur les parents!
Hormis quelques irréductibles cas, tous les élèves ont leurs bons côtés. Le temps qu'ils comprennent qu'on est là pour eux, qu'on les apprivoise (à défaut de les dresser!), et ensuite on serait presque content de les retrouver! Ah... Quel beau métier, l'enseignement!! ;)
Samuel bien sûr, tu as raison. Mais, en ce qui me concerne, j'ai maintenant envie de connaître autre chose. Je crois, pour être franc, que l'ambiance détestable qui règne chez nous y est pour une grande part.
Ah oui, connaître autre chose... mais quoi au fait...?
Lancelot: telle semble être la question!
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