lundi 13 juin 2011

Tod und liebe

Ayant étudié Tristan et Iseult cette année avec mes cinquièmes, je ne pouvais faire moins que d'aller écouter la version de Wagner à l'opéra de Lyon ce soir. Je ne suis pas a priori un fanatique de ce compositeur allemand dont la musique me fait souvent l'effet d'un festin trop arrosé et trop copieux: on en ressort heureux mais un tantinet absent et congestionné.

Je dois dire que cette fois-ci, j'ai un peu changé d'avis, même si j'ai passé la majeure partie de l'Acte II dans les bras d'un monsieur un peu plus méridional répondant au doux nom de Morphée. La qualité des voix et surtout la beauté de la mise en scène sont pour beaucoup dans mon plaisir de ce soir. La plupart du temps, les chanteurs évoluent autour ou dans une sorte de demi-sphère évolutive, rappelant par ses escaliers improbables les décors du Métropolis de Fritz Lang.

L'éclairage, absolument époustouflant, avait l'art d'accompagner la musique et d'en souligner les moments forts, en particulier dans le dernier air d'Isolde où sa simplicité (un cercle de lumière blanche autour de la soprano et le corps de Tristan, alors que tout le reste baignait dans la pénombre) me restera sans doute longtemps marquée dans l'esprit. Le leitmotiv de cet air que l'on pressent déjà au premier acte et qui revient sans cesse dès qu'est évoqué l'amour des deux protagonistes s'épanouit alors dans une mélodie outrageusement romantique qui m'a littéralement fait me dresser sur mon siège (nous étions au dernier rang de l'orchestre, heureusement!).

Quatre heures et demie de bonheur (on ne va pas chipoter sur quelques endormissements!) entrecoupées de deux entractes où j'ai, par hasard, rencontré, avec sa mère, l'élève que j'ai renversée il y a deux ans en voiture et à qui j'ai fait, par inadvertance, une bise profondément sincère, et suivies d'un amical repas avec Frédéric et Jean-Claude dans un petit restaurant de la rue Pizay. Ce soir, je me coucherai heureux!

Distribution:

Tristan: Clifton Forbis
Isolde: Ann Petersen
Le roi Marke: Christof Fischesser
Kurwenal: Jochen Schmeckenbecher
Brangäne: Stella Grigorian
Un jeune marin/Un berger: David Danholt
Un pilote: Laurent Laberdesque

Direction musicale: Kirill Petrenko
Mise en scène: Alex Ollé La Fura dels Baus
Costumes: Nina von Mechow
Lumières: Lothar Baumgarte
Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon

La version (qui n'est pas celle de ce soir) de la mezzo-soprano Waltraud Meier:

10 commentaires:

laplume a dit…

Petit veinard !
Je ne suis pas fan absolue non plus de Wagner mais Tristan, oui.

J'ai sursauté en lisant "j'ai passé la majeure partie de l'acte II dans les bras d'un monsieur..." Tout de même, me suis-je dit, Calyste, un peu de tenue !

Calyste a dit…

La Plume: Mais je sais me tenir! Tout dépend à quoi!

charlus80 a dit…

Calyste, je te dois un de mes nombreux petits bonheurs de ma virée dans le sud: ta vidéo sous une tonnelle ombragée de glycines chez des amis dans un petit village a 30kms de Cahors un pastis frais à la main! Le bonheur c'est finalement très simple!!
PS!Je suis passé à Lyon le mauvais WE! mais je suis passé par ici, je repasserai par là!!!

Calyste a dit…

Charlus: heureux de t'avoir procuré ce plaisir composé comme aurait dit l'utopiste Fourrier. Bon séjour là-bas!

Cornus a dit…

Tristan et Iseult, je n'avais pas détesté l'étudier en première même si je trouvais que stylistiquement, c'était un peu court à mon goût lycéen de l'époque. Je l'ai détesté le jour de bac de français où je me suis récolté un 8/20 à l'oral (néanmoins mérité étant donné mon relatif silence), mais je ne voyais pas où l'examinatice voulait en venir (le passage alibi étudié mettait en scène un nain et il était question de farine, c'est tout ce dont je me souviens).

Quant à la musique de Wagner, j'ai peu de recul pour en juger. J'aime bien certaines choses et d'autres moins, mais je ne saurais dire comme ça.

Calyste a dit…

Cornus: c'est effectivement un texte difficile et, en cinquième,les élèves n'en étudient que certains passages.
Hier, la représentation était vraiment splendide. Je suis encore sous le charme, bien que n'étant pas, moi non plus, un inconditionnel de Wagner.

Upsilon a dit…

Moi aussi, Wagner ne me plait pas particulièrement... trop grandiloquente pour mes oreilles italianisantes plus propres à entendre du Bel Canto qu'à chercher désespérément l'Or du Rhin.

laplume a dit…

Oui c'est un texte bien difficile pour des collégiens, ne serait-ce qu'à cause de la langue; et même si l'on travaille sur des adaptations contemporaines. Mais dans mon souvenir de gamine, le monde de Tristan m'était bien plus familier que ce cher Hyppolite, ou ces fichus Horaces et Curiaces ! Il faut dire que j'ai baigné dans le mythe très tôt, autant par mes racines maternelles bretonnes que par celles germaniques de mon père. Bien sûr je ne connaissais pas le texte, eux non plus d'ailleurs, encore que c'est un des premiers livres qu'on ait offert. Mais je connaissais l'histoire par coeur. Et j'adorais. Sauf cette saloperie d'Yseult aux blanches mains, celle-là je l'aurais étranglée !
Plus tard en fac j'ai eu l'occasion, et j'ai sauté dessus, de bosser toute une année sur les différentes versions. Ah quel bonheur !
Par contre, aujourd'hui, quand je remets le nez dans mon Bédier, hum, hum, à ma grande honte, je patauge, je patauge !
Mais qu'est-ce que j'aimerais voir ça sur scène...à condition qu'on ne me fasse pas une mise en scène sado-maso à la dernière mode, avec Tristan en imper vert de gris et casquette de SS ou ce genre de truc, je déteste qu'on tue mes rêves !

Calyste a dit…

Upsilon: et pourtant, en vieillissant, j'en arrive à me lasser de Mozart. Il n'y a que Bach, je crois, auquel je suis toujours resté fidèle.

Calyste a dit…

La Plume: moi aussi, cette "Matière de Bretagne" m'a toujours fasciné. Peut-être à cause de lointains ancêtres puisque, paraît-il, mon nom est d'origine normande! Et la Normandie, c'est la porte à côté, hein?!