Entendu cet après-midi à la radio un court moment de l'émission consacrée à Paul Veyne (1), professeur au Collège de France, disciple de Raymond Aron et spécialiste de la Rome antique et tout particulièrement de Sénèque auquel il a consacré un ouvrage. L'homme est intéressant, même s'il n'a pas la bonhomie de Lucien Jerphagnon et malgré le peu de temps que j'ai consacré à l'écouter.
J'ai cependant eu le temps de l'entendre dire qu'étant de la génération nourrie de Sagan et de Sartre, il ne concevait pas les rapports humains autrement que d'égal à égal, ce qui peut-être explique la froideur de ses rapports avec Aron qui, lui, tenait, au respect de la hiérarchie. Alors, je dois bien être de cette génération-là car je n'ai jamais pu concevoir ces rapports humains d'une autre façon, y compris et surtout dans mon travail. Contrairement à certains de mes collègues, je n'ai jamais tutoyé un de mes directeurs, mais n'ai non plus jamais hésité à m'adresser à eux comme à des hommes comme moi, ni à dire simplement et sans animosité ce que je pensais de certaines propositions qu'ils faisaient.
Cette attitude indépendante m'a valu la réputation (usurpée) d'une grande gueule et parfois même d'un emmerdeur, alors qu'il ne s'agit nullement de cela. On a même essayé parfois de m'envoyer en avant comme le courageux petit soldat prêt à affronter seul le feu et la mitraille, ce à quoi j'ai mis rapidement un terme une fois que je m'en suis rendu compte.
Il me semble pourtant que cette façon d'être, franche et décontractée, est la seule susceptible de pouvoir désamorcer un certain nombre de conflits qui, dans le non-dit ou la langue de bois, risquent de s'envenimer. Quelques-uns y voient du courage alors que ce n'en est pas. Ce n'est pas non plus une question d'éducation mais de nature simplement. Je suis comme ça et, je l'avoue, assez content de l'être. Reste à savoir si la nouvelle direction qui nous arrive au collège appréciera ce franc-parler comme semblait l'apprécier notre directeur actuel!
(1) le seul ouvrage que je possède de lui: Le Pain et le cirque, Points Histoire, H 196.
samedi 11 juin 2011
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10 commentaires:
J'ai l'habitude de dire que je respecte la hiérarchie mais qu'elle ne m'a jamais fait peur. Je ne tutoie pas mes responsables sauf un que j'ai connu avant qu'il ne soit mon directeur. Comme toi je me sens tout à fait à l'égal d'eux, pas plus, pas moins. Nous sommes de la même génération !
L'attitude hautaine et méprisante d'un Luc Ferry (dans l'affaire de l'université Paris 7, sans parler de celle de Marrakech...) montre que le respect n'est pas simplement une question de génération : peut-être, dans son cas... : d'éducation !
Valérie: il me semblait bien!
Dominique: mais tout est bien qui finit bien, c'est nous qui allons payer les heures non faites de M. Ferry!
J'ai toujours tutoyé l'ensemble de mes supérieurs hiérarchiques de façon naturelle ou après y avoir été invité. Une seule exception : mon directeur de thèse que j'avais connu comme étudiant dès ma première année d'étudiant. Mais comme il ne m'y avait jamais invité, je ne l'ai jamais fait par la suite. Ceci dit quand j'ai commencé à travailler pour de bon avec lui, je n'ai jamais eu le sentiment d'être autre chose que son égal.
En revanche, dans le cadre de relations professionnelles, j'ai déjà eu l'occasion d'être pris pour un "inférieur" notamment au sein de grosses réunions avec des politiques, que j'essaye d'ailleurs de limiter au maximum désormais.
Sinon, j'ai eu aussi l'occasion de dire mes quatres vérités à mon ancien directeur : une première foisn j'avais été à l'origine d'une fronde de désavouant l'attitude de la direction (mon directeur n'était pas d'accord mais avait apprécié ma franchise et la défense de mes convictions)et une autre fois j'avais été le porte parole pour dénoncer des problèmes de délégation et de management.
En revanche, alors que je suis délégué du personnel, jamais je n'irai au charbon pour défendre des points de vue que je ne partage pas.
Cornus: j'adhère totalement à ton dernier paragraphe. Il n'en a pour moi, jamais été question mais aujourd'hui, en plus, je tâche de fermer ma gueule au maximum. Et je dois dire que je me trouve très bien d'être maintenant un peu "à côté".
Il y a quelques années, l'un de mes patrons (un peu snob) m'a demandé s'il pouvait me tutoyer. Je lui ai répondu que je ne concevait le tutoiement que lorsqu'il était réciproque. Il n'a pas insisté. Anna
concevais ...
Anna: un de mes anciens directeurs, que je vouvoyais, n'a cessé de me tutoyer tout le temps qu'il a passé au collège. je n'ai pas démordu du "vous", par principe et aussi parce que c'était quelqu'un que je n'appréciais pas vraiment.
Undirecteur qui tutoie d'emblée !!!! Je n'ai jamais été confronté au problème, mais si ça m'arrivait, je pense que je ne saurais retenir un "ah bon, on se tutoie ?" qu'il m'est arrivé de servir quelquefois à des gens qui prenaient ce genre de liberté alors qu'ils n'avaient pas à le faire.
Je trouve vraiment ça très choquant, personnellement. Surtout justement de la part d'un supérieur hiérarchique.
Lancelot: c'était un vrai pignouf!
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