Lorsque je suis arrivé au repas, après le temps perdu dans les embouteillages lyonnais d'hier soir, je me suis garé au bas du parc et, en sortant de la voiture, j'ai entendu, au-dessus de la pénombre des arbres de la pente, le brouhaha de toutes ces voix humaines de gens heureux de se retrouver. J'ai un instant eu l'envie de repartir, de fuir vite cette foule qui entamait l'apéritif, de me retrouver seul, chez moi, à savourer le silence ou le cliquetis de mes doigts sur le clavier.
Pourtant, j'ai sauté dans l'arène, comme en apnée, comme pour un suicide. Des têtes d'aujourd'hui, des têtes d'autrefois, tous ces collègues assemblés dans la cour, un verre à la main, près des tables dressés en pétales de marguerite. J'ai bu du punch, vite, deux verres cul sec, pour me donner du courage, pour me réveiller de la léthargie qui m'avait envahi. Cela ne fit que m'endormir davantage.
Et puis l'un est venu pour me dire que ma chemise était belle. Un autre a remarqué que le vieillissement m'allait bien et que, s'il était peintre, il aimerait me peindre. Celui-ci a remarqué que j'avais minci et, qu'avec ma barbe et mes cheveux tout fous, j'avais l'air d'un artiste. On m'a pris par le cou pour rajouter une troisième bise aux deux conventionnelles ici, un baiser de tendresse qui m'a fait chavirer. Alors, j'ai souri, j'ai ri, j'ai bu encore un peu, beaucoup, parce que j'étais bien, enfin, au milieu de tous ces gens qui ont rempli ma vie, de ces vieux avec qui nous égrenions des souvenirs, de ces jeunes pour qui je ne suis pas tout à fait transparent, de cette faune enseignante que je hais bien souvent et dont beaucoup, hier, ont su me montrer combien ils m'aimaient.
vendredi 24 juin 2011
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8 commentaires:
Voilà une note très calystéenne, enfin qui témoigne bien l'idée que je me fais de toi. D'ailleurs, j'y vois quelques proximités :
- le fait d'être rebuté d'aller à un rassemblement pleinier avec les collègues (en plus petits comités, je n'ai pas cette appréhension).
- le paradoxe haine/amour vis-à-vis des enseignants. Mais là, je suis fort mal placé. Seulement, les propos que me rapporte Fromfrom me laisse penser que je serai assez rapidement en guerre vis-à-vis de certain(e)s de ses collègues.
Et on peut aisément comprendre qu'ils t'aiment.
Cornus: merci pour le compliment final!
Il est vrai que tu es bien placé toi aussi pour "appréhender" le monde enseignant, monde que, je crois, je quitterai sans trop de déplaisir! Ce ne sont d'ailleurs pas mes collègues qui me l'ont fait aimer mais les enfants.
Ah la description que tu fais de toi donne furieusement envie de te rencontrer... avec un punch :o)
Valérie: tu serais peut-être déçue, même avec une barrique de punch!
Je m'associe à Val... sans le punch et je suis sure de ne pas être déçue, l'important étant dans ce que tu nous livres au gré de tes écrits
Erin: merci, c'est très gentil. Mais, à jeun, méfie-toi: je suis assez sauvage!
J'ai cherché le lien sur Youtube, mais je ne l'ai pas trouvé. En paroles écrites, ça sonne moins bien que la chanson de Fabienne Thibazult :
"Peut-être est-ce à cause de tout ce silence
Peut-être est-ce à cause simplement de moi
Qui n'ai plus peur de rien
Pas même de mon propre orgueil
Pas même de ma propre censure
Je n'ai envie que de crier
J'ai besoin qu'on m'aime
Oui je veux que vous m'aimiez
C'est pas sorcier
Ça ressemble à tout le monde..."
(je te fais grâce de la suite, si ça t'intéresse, tu peux la retrouver sur Google)
Lancelot: je ne connaissais pas. Merci.
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