Je n'aime pas me coucher, je l'ai déjà dit. Comprenons-nous bien : ce n'est pas d'être couché qui me déplaît, au contraire, c'est le fait de faire les gestes pour rejoindre mon lit : cesser toute activité, considérer que la journée est finie, me dévêtir et enfiler maillot et caleçon qui me servent de pyjama, déposer les lunettes sur la commode et ouvrir les draps pour m'y glisser. J'ai toujours la sensation que la veille pourrait se poursuivre, que je pourrais m'adonner à telle activité ou telle autre plus intéressante que le néant du sommeil.
Pourtant après, j'aime ce que je ressens : le corps qui se détend, la recherche de la fraîcheur ou de la tiédeur des draps selon la saison, le soupir de plaisir d'être parvenu à m'allonger, la douce lueur de la lampe de chevet qui n'éclairera que le livre que je vais prendre pour l'ouvrir à la page laissée la veille, le geste de la tête pour bien se caler sur les deux oreillers, et puis la fuite ailleurs, dans la fiction.
Mais l'instant que je préfère, c'est celui où mes yeux commencent à ne plus voir les lignes, où je lutte encore un peu pour reprendre la phrase interrompue, et où, dans un dernier sursaut de conscience, je sais que je sombre dans le sommeil. Alors le livre est refermé sur le marque-page, reposé près de moi sur la table de nuit et la lumière éteinte. Je sais le plaisir que je vais avoir, juste après, dans le noir : dédoubler les oreillers, en garder un pour ma tête et faire glisser l'autre à côté, à la place vide, en les arrangeant bien tous deux, puis glisser les mains sous le second, plus frais que le premier, et partir jusqu'au lendemain.
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2 commentaires:
Je comprends ce que tu veux dire par rapport à cette fin de journée. Personnellement, cela ne me peine pas. En revanche, le plaisir de retrouver le dessous de la couette est souvent là. Je lis souvent en me couchant (revues, livres divers), mais sans m'installer aussi confortablement (je devrais cependant, surtout en ce moment), mais bien que je me couche pas très tard, j'ai vite tendance à m'endormir. Et quelque part heureusement, car il faut bien que je dorme.
Cornus :mais moi aussi, la plupart du temps, je m'endors sur le bouquin.
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