Les attablés du bar du coin devant leur premier café qu'ils font durer, ou leur premier blanc sec, le regard perdu sur la nuit qui s'achève. D'autres aux doigts-araignées qui s'affolent sur un clavier.
Dans le square, le promeneur au chien, jamais le même, comme les jours, ni le chien, ni le maître. A tirer la laisse pour presser les besoins. Fenêtres encore obscures. Seul le vieil homo est debout, à regarder les arbres ou les passants. Enseignantes vieillissantes, cartable et parapluie, raides comme la première gelée. Un air à enseigner les sciences. Certitudes chronométrées jusqu'en fin de journée.
Odeur écœurante des viennoiseries chaudes; vague lueur vers l'est, dévoilant le squelette de grues encore inertes. Étudiants pressés vers la bouche de métro. Vous n'existez pas. Technologie vissée aux oreilles, premiers SMS. L'étal de légumes prend déjà la poussière.
Un cadre diagonalisant le parking, mallette à la main, son chien à lui, chemise blanche, costume noir, chaussures à bout carré. Et l'effluve d'un vaporisateur qui se dissout derrière un pilier. Milliers de fourmis stéréotypes.
Le livreur de l'école primaire ou sa camionnette seule, portes ouvertes compromettant le flot. Heureux de restaurer tous les futurs handicapés du palais. Les éboueurs aussi, poubelles repoussées à l'aveuglette et le petit cri pour démarrer. Derrière, il faut s'arranger.
Le marchand de sandwiches en face de l'hôpital. Charly. Sûr de les vendre à ceux qui ne les ont pas vu préparés. Propreté douteuse d'un quadragénaire ventru. Un malade parfois, à l'entrée de service. Cigarette et potence de perfusion. Pantoufles éculées qui n'iront pas plus loin.
Le mendiant du feu rouge, clown souvent joyeux qui frappe à votre vitre. Langage improbable d'un moine hérétique. Autrefois le clochard dans la niche de l'escargot. Disparu depuis un an. Solitaire veilleur des phares du matin.
La journée s'annonce. Il faut passer.
mardi 10 janvier 2012
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6 commentaires:
Mais tu nous soignes le moral ce soir.Méfie-toi,je pourrais te raconter ma journée...
Ipsa: chiche!
Hahaha!Avoue que tu serais bien triste si elle était bien mieux pire que la tienne.Par exemple,ce matin...je ne suis pas sortie parce ce que...il n'y a rien dehors ni école,ni troquet,ni tabac ni rien.Camion de poubelles?Que le vendredi.Le beau paysage de la campagne?Quand les feuilles de ma haie tombent pas la peine de sortir,plus un arbre à perte de vue,il ne reste que l'horizon à remembrer.Allez,j'arrête là parce qu'après tu vas être trop jaloux et plus me parler...
Témoin lucide d'une époque où le matin est laid.
Ipsa: et les ciels, et les odeurs, et la terre lourde aux semelles, et les cris des derniers oiseaux sur le branches dépouillées, tu en fais quoi?
Nicolas: laid mais la laideur peut être attachante.
Un poème
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