samedi 26 novembre 2011

Mon arbre

Il était beau, cet arbre, juste derrière la maison qui commençait à s'effondrer. Ce n'était pas un chêne, ni un platane, ni un peuplier. Un bel arbre, inconnu de moi, un arbre immense, un étalon d'arbre, qui dressait sa silhouette sur le pré en pente et se découpait le soir sur la cime, plus sombre que le ciel du crépuscule.

Quel âge avait-il ? Centenaire, sûrement, peut-être plus, imposant de dignité et de beauté. Sur la pente, quelques racines apparaissaient mais il ne semblait pas décidé à tomber. Il aurait pu rester là encore longtemps. Sous son ombre, en automne, ça sentait bon la terre humide et la décomposition des feuilles. Vu du pied, il semblait encore plus impressionnant. Les oiseaux y fourmillaient. Assez de place pour tous. Il me semblait invulnérable et me faisait revenir aux moments de l'enfance où tout nous paraît si grand.

Un jour, en revenant en vacances, j'ai senti que quelque chose avait changé, mais je n'aurais su dire quoi. Ce n'est qu'à la nuit tombante que j'ai vu: sa silhouette noire ne se découpait plus sur le clair de lune. Le voisin l'avait coupé. Trop dangereux, avait-il décidé.

4 commentaires:

Cornus a dit…

Ah la la, c'est terrible. Dommage que nous n'ayons pas l'espèce.
Trop dangereux ? Faut voir... Je me souviens de ce 1er janvier 2000, quelques jours seulement après la tempête de 1999 où nous allions avec mes parents à La Chaise-Dieu. Nous avions croisé la route de choses terribles, dont des maisons "coupées en deux" sous des arbres plantés trop près de la maison.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ah cette tempête qui a déraciné des centaines d'arbres dans notre terrain en Alsace, nous avons nous aussi coupé tous les grands arbres trop près de la maison du coup, pour ne pas voir notre maison fracassée à la prochaine tempête. Cela m'attriste aussi de perdre comme cela un compagnon de vue.

karagar a dit…

Triste histoire en effet, c'est peut-être un cycle, mais j'ai l'impression que la géographie des tempêtes s'est décalée, que ça n'est plus nous qui y avons droit.

Calyste a dit…

Cornus, Valérie et Karagar: cette histoire n'a rien à voir avec la fameuse tempête à laquelle il avait parfaitement résisté bien que sur son chemin. Preuve qu'il était résistant, le bougre!