Terminé! Dernière matinée de travail avec quelques collègues. Encore quelques yeux à ma collection, et puis ciao. J'ai quitté un collège défoncé par les coups de masses et aujourd'hui de marteaux-piqueurs des ouvriers. Ce ne sont plus les livres et le vieux mobilier qui remplissent les bennes, mais les murs eux-mêmes, les cloisons défoncées et abattues le temps d'un soupir. Ils en étaient à creuser le sol, à l'emplacement du futur ascenseur. Je ne me serais pas attarder, cette démolition touche quelque part une corde sensible. Seuls les torses de certains travailleurs auraient pu me consoler mais ils avaient mieux à faire.
A midi, joie de se retrouver avec J. J'ai beaucoup parlé, nous avons beaucoup parlé. Nous avions beaucoup de choses à nous dire: les funérailles de Kicou, le Mans, le bac de S. et ces mille choses qui tissent nos vies respectives. Le temps est passé trop vite, comme toujours.
Après un après-midi bien chargé en activités diverses et variées, une surprise m'attendait à l'apéritif où m'avait invité Isabelle à la demande de son fils et de l'un de ses amis, tous deux mes anciens élèves. Julien était là, en compagnie de Grégoire, un de ces enfants qui marquent sans que l'on sache trop pourquoi. Ce n'était pas un très bon élève: d'abord timide et réservé, doutant fortement de lui en sixième, il a peu à peu évolué et semble aujourd'hui un peu plus solide. J'avais remarqué, dès la première année, son extrême beauté, faite de finesse et de grâce, beauté que mes collègues n'avaient pas vue. Elle n'a cessé ensuite de se développer tout au long des quatre années que nous avons passées ensemble et il est aujourd'hui magnifique, toujours aussi délicat, un peu en retrait, s'arrêtant parfois de participer pour se mettre à rêver, les yeux fixés sur son rêve passager. Il m'émeut toujours autant car il n'est pas conscient de cette beauté.
Mais la surprise n'était pas là. Je savais que ces deux-là avaient aujourd'hui dix-neuf ans et que je verrais deux grands gaillards pourtant encore un peu impressionnés par leur ancien prof. C'est moi qui ai prié Grégoire de m'appeler par mon prénom et de me tutoyer. Isabelle avait, en plus des jeunes, invité un ancien collègue, remplaçant chez nous il y a quelques années et que nous voyons de temps en temps, un peu moins hélas depuis qu'il a femme et enfant. François est quelqu'un que j'apprécie beaucoup: en plus d'une culture historique assez phénoménale, il manie l'humour et parfois l'ironie avec une maestria remarquable. Nous avons été collègues dans la même classe de cinquième, lui en histoire, moi en français. Les élèves se souviennent encore de cette dure école d'exigence entrecoupée de rires. Nous étions durs avec eux, c'est pourtant nous qu'ils ont voulu revoir.
Demain, c'est l'aventure des vacances qui commence. Je les ai organisées comme d'habitude: quelques points de repère perdus au milieu de grand espaces de liberté et d'improvisation.
mercredi 1 juillet 2009
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2 commentaires:
Hum, ça donne envie de rencontrer Grégoire...
...Bon, faut que je me débarrasse de cette impression particulière laissée en moi par notre conversation à batons rompus de tout et de rien de ce matin... Là aussi on pourrait dire : "quelques points de repère perdus au milieu de grand espaces de liberté et d'improvisation."
;-D
Tu l'aurais remarqué, toi aussi, sans aucun doute.
Deux mondes distincts, Lancelot, à ne pas mélanger. Tu l'as dit toi-même.
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