vendredi 17 juillet 2009

La Creuse (2) et Almodovar

(Écrit le dimanche 12 juillet)
Deux jours sans écrire, cinq sans ordinateur. Je me surprends à ne pas être en manque. Le régime repos continue avec des nuits de dix heures et des siestes d'une heure au moins. Je n'arrive pas à comprendre comment je peux dormir autant. Mais ce qui surprend Noëlle, c'est ma plus grande vitalité. Une fois sorti des bras de Morphée, j'ai envie de bouger, de découvrir et non de rester assis en sirotant un apéritif. Ma passion pour la photo m'entraîne à fouiller de nouveaux sites et à en revisiter d'anciens avec un œil différent.

Vendredi, c'était Bourganeuf, où nous avons fait les courses. En plus de la ville, que je connaissais déjà, nous avons, Noëlle et moi, parcouru le cimetière dont une partie, très pentue, abrite d'anciennes tombes. Celles qui ont vite attiré mon attention dataient du XIX° et couvraient pratiquement tout le siècle. Elles ont une particularité intéressante. Bien que souvent en très mauvais état, elles conservent, pour la plupart, sur la partie dressée, sur le dosseret en tête de rectangle, l'incrustation d'un disque de la taille d'une assiette plate sur lequel, outre le nom du défunt ou de la famille, apparaît une décoration représentant des fleurs, la;plupart du temps violettes ou pensées, ou un paysage romantique encadrant un sépulcre.
A observer les débris de certains de ces disques cassés, nous avons pensé qu'il s'agissait de porcelaine: Limoge n'est pas loin. Le plus étonnant, c'est l'état de très bonne conservation de ces porcelaines accompagnées parfois d'une couronne de petites roses blanches de la même matière. J'en ai pris de nombreuses photos.

A l'allée, nous nous étions arrêtés, à ma demande, à St Pardoux-Morterolles (non, pas celui de Pascal Sevran qui se trouve lui, en Haute-Vienne il me semble), pour l'église de St Pardoux et le puits communal de Morterolles. Je suis toujours surpris par la gentillesse des habitants qui, dès qu'ils nous voient intéressés par un monument, se proposent immédiatement de nous en apporter la clef.

Samedi, hier donc, ce fut baignade au lac de Vassivières. Encore une fois, j'étais seul avec Noëlle, Gérard n'étant vraiment pas du genre nomade. Peu de monde sur ces petites plages agréables de sable fin.Une majorité de naturistes. Noëlle m'a mis à l'aise tout de suite en me disant que je pouvais enlever le maillot sans la gêner, si je le voulais. Ce que j'ai fait. D'abord inquiet de voir notre unique voisin, un homme de 35 ans environ, bien fait, mince, bronzé, mais dont la tête ne m'inspirait pas, se mettre à bavarder d'une façon que je craignais interminable, je fus vite rassuré par le silence et le calme qui s'établirent lorsque chacun prit son livre et se plongea dans la lecture.


Nous sommes rentrés vers 6 heures, pour prendre la route de l'autre lac, celui de Lavaud-Gelade tout près duquel nous avons dîner dans un restaurant exceptionnel en Creuse où mes expériences gastronomiques m'avaient jusqu'ici laissé "sur ma fin", pour ne pas dire pire. Cadre chaud, vieux meubles et tissus rares, et une cuisine très raffinée servie par un chef dont l'unique défaut est d'être un peu trop cabotin à mon goût. Nous avons ainsi passé une très bonne soirée dans la salle du rez-de-chaussée des Milles Sources, à St Marc-à-Loubaud.

Aujourd'hui, dimanche, j'ai fait le tour du village pour saluer ceux que je connais et, en fin d'après-midi, nous avons une nouvelle fois gagné Bourganeuf pour une séance au cinéma d'Art et d'Essais de la ville. Tarifs à 5 ou 6 euros et toujours dans la semaine au moins un film intéressant. L'an dernier, j'y avais découvert Volver. Cette année, je suis resté fidèle à Almodovar, avec Étreintes brisées. Pas tout à fait le même Almodovar pourtant, car de plus en plus sérieux dans son propos.

Si l'on s'en tient à l'histoire proprement dite, on peut être déçu par ce mélo appuyé, à peine crédible parfois et qui s'étire un peu trop vers la fin. J'ai trouvé également Almodovar assez "gonflé" de travestir un instant Pénélope Cruz en Audrey Hepburn. L'espagnole est belle, certes, mais n'a pas la douceur de visage de l'anglaise. Je pense, en fait, que ce mélo larmoyant n'est que prétexte pour le réalisateur à une réflexion sur l'image et, par conséquent, sur la création. Dès le début du film, de nombreuses séquences nous montrent les personnages flous, ou vus dans des miroirs ou dans un reflet sur un meuble. La toute première image, d'ailleurs, est l'œil de Pénélope Cruz qui s'ouvre et sur lequel on aperçoit le réalisateur du film qu'elle est en train de tourner: Des Filles et des valises.

Ainsi, il y a l'œil qui voit, celui de la caméra ou de l'appareil photos, celui du spectateur du film tourné et "détourné" puis remonté plus d'une décennie plus tard. Je te vois, je te surveille, je te sublime et t'anéantis. Au cours d'un voyage d'amour éperdu, le couple d'amants prend un paysage sublime en photo... et se retrouve sur la photo dans le couple d'amants s'embrassant sur la plage. J'ai souvent pensé à Hitchcock au cours de la projection: on retrouve la jambe plâtrée et l'œil indiscret de la caméra personnelle. La scène où Pénélope Cruz est jetée dans l'escalier par son vieil amant jaloux et où celui-ci la contemple étendue aux bas des marches depuis le palier supérieur m'a étrangement rappelé Le Crime était presque parfait, bien qu'il n'y ait, si je me souviens bien, aucune scène de ce genre dans ce dernier film. Pour l'escalier seulement, et la contre-plongée peut-être? Au final, un film intéressant, assez différents des autres Almodovar (mais j'avais déjà pensé la même chose de Volver) et un peu étiré en longueur. De plus, il est à constater qu'aucun personnage n'attire réellement la sympathie. Ni l'antipathie d'ailleurs. Je reste sur l'impression d'un exercice de style d'où l'émotion est trop souvent absente.

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