mercredi 22 juillet 2009

L'Ombre

En rangeant mes cours, que je n'avais pas pris la peine de classer depuis le mois de février, j'ai voulu aujourd'hui faire un tri drastique dans mes vielles paperasses scolaires. J'en ai rempli trois fois la poubelle bien tassée de mon bureau et ce n'est pas fini. J'ai relu certaines pages, qui m'ont inévitablement ramené des souvenirs à l'esprit, mais je n'ai pas fait de sentiments: tout ce dont je ne me sers plus a été jeté.

En feuilletant mes anciens dossiers, j'ai retrouvé par hasard un petit papier découpé dans une revue, Télérama probablement, un tout petit article intitulé L'Ombre et illustré d'une reproduction de la fresque de Masolino da Panicale, Le Péché originel (1425), qui décore la chapelle Brancacci de l'église Santa Maria del Carmine à Florence. Quel rapport entre le titre de l'article et cette fresque? Le journaliste (dont je n'ai plus le nom) nous l'explique: dans la peinture occidentale, jusqu'au début du XV° siècle, le corps humain a toujours été représenté sans ombre. Peu importait , dans un Moyen-Age qui le méprisait, de peindre avec exactitude ce corps: l'essentiel était l'âme. Ainsi, chez Masolino, Adam et Eve n'ont pas d'ombre à leurs pieds

Le plus intéressant, c'est que, dans cette même chapelle, un autre peintre, Masaccio, qui influença le premier, les peint avec une ombre. Mais c'est après le péché originel, au moment où ils sont chassés du Paradis terrestre: le corps est donc, comme dans le texte sacré, devenu réalité.

Une troisième étape est franchie par ce même Masaccio toujours dans la même chapelle avec Le Miracle de Saint Pierre: l'ombre de l'apôtre qui avance dans la rue guérit l'infirme qu'elle recouvre. Comment interpréter cette dernière réalité? Se peut-il que Masaccio ait voulu ainsi illustrer une sienne conception de la rédemption du corps, qui existe en réalité mais s'associe à l'âme dans le spirituel? Comme les premiers hommes sur la lune, la Renaissance avait fait faire elle aussi un grand pas à l'humanité!

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