dimanche 5 juillet 2009

Impact avec le diable.

J'ai eu beau chercher dans mes dictionnaires, je ne l'ai pas trouvé, le mot, le joli mot en mode en ce moment (petit clin d'œil littéraire).

De quoi est-ce que je parle? Voyons, vous n'êtes pas au courant. Il faut sortir parfois, se mettre à la page, écouter ceux qui font et défont l'opinion, ceux qui savent et le font savoir. Vous ne connaissez pas le dernier mot à la mode (quand je dis le dernier, je suis bien sûr d'être déjà en retard le temps de publier le message !). Mais, chers amis, c'est le verbe "impacter" bien sûr, employé à tort et donc à travers à tout bout de champ, dont toutes les gorges écoutées en ce moment se gargarisent comme si l'on venait de découvrir une "pépite" (tiens, un autre bonbon que l'on suce aujourd'hui jusqu'au bâton!) lexicale.

Impact, je connais. J'ai même découvert "impactite: roche métamorphique formée à la suite de l'impact d'une météorite", selon le Larousse et je n'ai aucune raison de ne pas le croire. Mais "impacter", niet. Serait-ce un anglicisme ? Certains les aiment tant qu'ils en oublient le mot français existant la plupart du temps et de même sens. Ainsi hier, à la radio, un spécialiste de je ne sais quoi, un monsieur incontournable dans son domaine, un mec donc on se demande comment on a fait jusqu'à présent pour vivre en dehors de sa lumière, l'employait tous les dix mots environ, avec un sens chaque fois vaguement fluctuant. On peut par exemple impacter quelque chose ou quelqu'un. A ranger dans les verbes transitifs directs donc. Exemples : ce roman a impacté son lectorat, le concept (amour de mot !) a impacté la publicité, et tant d'autres du même acabit.

Cela veut faire pro, dégagé du passé, au fait des dernières nouveautés, le type à qui on ne la fait pas avec une langue ringarde et qu'il faut bien malmener pour qu'elle évolue. Pourquoi pas, en effet, faire évoluer notre langue ? C'est une des conditions sine qua non (non, celui-là, il n'est pas nouveau!) de sa survie. Mais, en l'occurrence, moi je trouve, dans mes mauvais moments, que ça fait plutôt con, dans mes bons que se cachent derrière une pauvreté de réflexion et un manque de personnalité abyssaux. Réservons ces mots pour des langages techniques propres à certaines professions (J. me dit que le terme existe depuis longtemps déjà dans l'univers de l'informatique), mais qu'ils n'en sortent pas : ils sont trop laids. Fort heureusement, la mode étant par essence volage, un clou chasse l'autre et demain, nous verrons fleurir un autre de ces avortons du langage. Rappelez-vous : tellement sont déjà passés à la trappe.

Allez, je sors pour du cinéma en plein air. Place Bahadourian, ce soir à 22h, Tout l'monde dehors propose "Un Verre et une cigarette" de Niazi Mostafa (Egypte, 1955). Gageons que dans ce quartier à forte fréquentation maghrébine, ce film saura impacter son public. Je vous raconte tout de suite après.

PS : Il n'est pas beau, mon titre ? Pas directement en rapport avec le billet, mais je n'ai pas pu résister.

Mise à jour à 23h45 : le cinéma Place Bahadourian, c'est demain. Décidément, mon approche de Tout l'monde dehors est bien chaotique cette année. Mais cette fois-ci totalement de mon fait.

10 commentaires:

Olivier Autissier a dit…

C'est un "verbe" tellement entendu et tellement employé que je croyais qu'il existait vraiment.
Et puis je l'aime bien.
Et puis je lui trouve tout son sens si bien que je crois qu'il est temps qu'il existe enfin.

Lancelot a dit…

Un "avorton du langage" !! J'adore j'adore j'adore.....

L'impact avec le Diable d'un terme odieux.... ;-)

Calyste a dit…

Tellement employé, à tort et à travers: c'est ce que je dis, Olivier. Il serait alors temps de lui donner un sens définitif et de s'y tenir, ce qui n'est pas le cas dans les propos que j'ai entendus. N'empêche qu'il est très laid, à mon humble avis et que je ne suis pas près de l'employer.

Beau jeu de mots, Lancelot!

JaHoVil a dit…

J'aime bien quand tu écris (pas ici) : Lu et à prouver.
Mais tu ne dis pas qui t'a chauffé le haricot avec ce mot. Parce que cela pourrait expliquer ton aversion.
En faisant des recherches dans les dicos en ligne, un seul donne une définition : influer, transitif.
Mais ce verbe existe en anglais...

Bises, J.

Kab-Aod a dit…

C'était le mot favori de mon ancienne directrice lors des comités d'établissement ^^

Calyste a dit…

J.: J'ai entendu un invité de France-inter, je ne sais plus qui, le répéter jusqu'à plus soif. A croire qu'avec "absolument", il n'avait aucun autre mot à son vocabulaire.

Kab-Aod: derrière ta concision, je devine ton sentiment!!!

Nicolas a dit…

Jamais encore entendu (je n'écoute jamais la radio ni ne regarde la Tv), ni même lu, et j'aime pas, du reste, je suis un farouche détracteur du second emploi envahissant de "supporter"... ^^

Calyste a dit…

En écrivant ce billet, Nicolas, je pensais justement à cet anglicisme particulièrement employé dans le monde du sport et que je ne "supporte" pas (dans les deux sens du terme).

MY a dit…

Impacter a deux connotations pour moi : celui de l'entreprise il faut "impacter" la clientèle
: celui du rugby : on impacte avec les ballons, entre les lignes. Je n'aime pas ce mot.

Enfin, j'ai trouvé enfin l'origine de la rue du Vivier, il vient d'un joli vivier qui était dans ce quartier, un chateau prit son nom : le chateau du Vivier, détruit ensuite par l'emprise des voies du PLM et de la SNCF. Voilà.

Calyste a dit…

Merci, -Y-. Je savais pour le château mais ne connaissais pas son emplacement exact. Quant au vivier, je m'en doutais un peu mais tu m'en donnes la confirmation.
Pour impacter, je ne connaissais pas le sens sportif.
En tout cas, je vois que nous sommes peu nombreux à aimer ce terme et surtout, je pense, ce qu'il cache d'idéologie sous-jacente.