Chaleur accablante aujourd'hui à Lyon. 35 degrés, paraît-il. Trop, avec un vent déplaisant, chaud comme l'air pulsé d'un sèche-cheveux, lourd, assommant.
Je n'aime pas ce temps-là. Il me stresse. Je l'ai dit, il me rappelle qu'une année s'achève, que quelque chose va s'arrêter, et je n'aime pas ça. Il me rappelle que les vacances, c'est joyeux, obligatoirement, que l'on doit s'en mettre jusque là, quitte à faire n'importe quoi, et je n'aime pas ça.
Il me rappelle, et j'y ai souvent pensé aujourd'hui, que dans quelques jours, c'est l'anniversaire de la mort de Pierre. Trois ans. Il faisait, cet été 2005, la même chaleur épuisante. Dans la chambre de la clinique, nous avions, avec son frère, mis au point un système pour bloquer le volet roulant à la hauteur désirée avec un bouchon de liège coupé et taillé à la bonne dimension, sinon Pierre était condamné à cuire ou à passer la journée dans le noir. Je me souviens des fauteuils de skaï où nous restions collés, sans même la force de réagir, de la fontaine d'eau fraîche du couloir, des nuits blanches ou presque, à guetter l'alarme détraquée du matelas anti-escarres pour l'arrêter avant qu'elle ne perturbe trop Pierre dans son semi-coma. Je me souviens de cette hébétude, de cette douleur absolue. Elles restent pour moi liée à la chaleur.
Il me rappelle enfin que je suis un solitaire et que, parfois, je n'aime pas ça.
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5 commentaires:
La solitude, je crois que tous les célibataires en parlent et font des blogs, curieux, non ?
Un anniversaire, c'est fait pour se souvenir certes, mais surtout des bons moments partagés. C'est un jalon sur une route...
Face à la mort de gens que j'aime (et non "que j'ai aimé"), je me dis qu'ils me voient et que, d'une certaine façon, on communique ensemble...Provisoirement...En attendant...
Courage, je suis sûr que d'autres t'aiment aussi !
Parles-tu de ton ami sur le blog, ainsi que de son décès ? Sinon, peux-on en parler ailleurs ?
De Pierre, je parle constamment et je n'ai pas encore écrit un seul billet sur lui, uniquement sur lui. Je crois qu'aujourd'hui, j'ai envie de le faire, et que je pourrai le faire bientôt. J'évoque très souvent ces bons moments dont tu parles, mais parfois, bêtement, l'émotion remonte, les ténèbres refont surfacent pour un moment et il faut les traverser. Je me bats, je ne gagne pas à chaque fois.
En parler ailleurs, dis-tu? Pourquoi pas. Je ne sais pas. Quand je laisse un commentaire sur ton blog, j'y laisse aussi mon adresse mail. N'hésite pas à t'en servir. C'est vrai que tout ne peut être dit ici.
Bien sûr que l'on communique avec ceux qui sont partis, d'une certaine façon. Pierre est en moi, définitivement.
"les ténèbres refont surface". Avec mes excuses.
De rien, Monsieur le Professeur !
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