samedi 28 juin 2008

Une journée particulière

Elle a refleuri: hier, trois fleurs. Aujourd'hui, trois ans que Pierre est parti.


Je ne comprends pas la distance.

Comment comprendre l’espace
qui me sépare de l’arbre,
si son écorce dessine les lignes
qui manquent à ma pensée.

Comment comprendre la parenthèse
qui va du nuage à mes yeux,
si les figures du vent
délient le temps serré de ma petite histoire ?

Comment comprendre le cri pétrifié
qui gèle toutes les paroles du monde,
si de même qu’il n’est qu’un seul silence
il n’est au fond qu’une seule parole ?

Je ne comprends pas la distance.
L’ultime preuve en est l’espace absurde
qui sépare en deux vies
ton existence et la mienne.


Roberto Juarroz, Poésie verticale

Traduction de Roger Munier, Fayard, 1980.

Merci à Danielle.

Et pour moi:
Il me semble hors de doute que, si l'on me chassait mes démons, mes anges aussi auraient un peu, disons un tout petit peu, peur.
Rilke.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et pour vous, la première phrase du livre que je viens de terminer :
"Ne te détourne pas.
Ne cesse pas de regarder l'endroit qu'on a pansé.
C'est par là que la lumière entre en toi".

Calyste a dit…

Il faudra bien que j'y parvienne.