Depuis l'affaire Weinstein et quelques autres, j'ai l'impression que plus personne n'ose se regarder dans la rue. C'était déjà bien entamé dans les grandes villes où l'on ne sait parfois plus si la personne qui vient en face sur le même trottoir ne va pas vous rentrer dedans (ça m'est déjà arrivé, sans un mot d'excuse bien entendu), surtout si elle tient au bout des doigts la prothèse indispensable aujourd'hui, son téléphone. Il n'y a plus que dans les campagnes que l'on vous dit bonjour et le comble, c'est que vous en êtes tout surpris.
J'ai pensé à ça l'autre soir en regardant un petit film de science-fiction de Don Siegel, L'Invasion des profanateurs de sépultures (1956), où une bourgade des États-Unis est soudain envahie par d'énormes cosses de légumineuses qui se transforment rapidement en êtres "humains" prenant peu à peu la place de leurs sosies en chair et en os. La seule différence, c'est que ces nouveaux habitants de la terre sont absolument dépourvus de toute émotion.
Alors, j'ai décidé de faire de la résistance, comme les lecteurs de romans le faisaient dans Fahrenheit 451. D'autant que maintenant, à la retraite, j'ai le temps. Il m'arrive de plus en plus souvent de parler à des inconnus (es), de leur sourire, ce que j'aurais eu du mal à faire il y a quelques années, cela à cause d'une certaine timidité. Et, miracle, ça marche ! Les gens sortent un instant de leur bulle, de leur carapace pour répondre, pour sourire à leur tour et pour plaisanter même. Bon d'accord, la plupart du temps ce sont des gens d'un certain âge mais même les jeunes parfois se laissent aller à parler à quelqu'un d'autre que leur boîtier. L'humanité serait-elle encore susceptible d'être sauvée ? Personnellement, les légumineuses, je les préfère dans mon assiette.
jeudi 11 octobre 2018
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4 commentaires:
Moi aussi j'aime bien parler aux inconnus. Et faire des farces aux smartphonés.Par exemple leur demander l'heure (dont je me fiche éperdument)ou une ligne de bus (que je ne prends jamais). Mais je crois que nous ne sommes pas les seuls, je croise beaucoup de sourires dans la rue, et pas que des vieux. Ça me surprend à chaque fois mais c'est bien plaisant. J'aime bien aussi blaguer avec les caissiers et caissières des grandes surfaces, et là ça marche super bien.
Ah les profanateurs de sépultures, il m'avait fait un de ces effets !
Plume : ah oui, moi aussi, avec les caissières. Et on rigole, parfois aux dépens des autres clients ! Il m'arrive même d'avoir des trucs gratis (un bouquet, un fromage...)
Belle décision.
Cornus : c'est plus qu'une décision, quelque chose qui m'est nécessaire.
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