jeudi 23 février 2017

Un passé encore bien là

En lisant l'introduction du roman de Verne, Cinq Semaines en ballon, j'ai (re)découvert que le Nantais était mort en 1905. Cette année-là, ma grand-mère maternelle, celle qui m'a élevé jusqu'à l'âge de huit ans, née en 1885 (année de la mort de Victor Hugo), avait donc vingt ans.

J'éprouve, chaque fois, que je pense à tout ça, toujours une drôle d'impression. Ces gens-là sont si proches alors que, par bien des aspects, ils nous semblent si loin. Un peu comme, enfant, la découverte que j'avais faite, en voyant à la télévision, un pain de Pompéi pétrifié par le volcan, que les Romains avaient réellement existé.

Et puis une autre sensation, ou plutôt une interrogation : à vingt ans, ma grand-mère connaissait-elle, dans ses montagnes du Pilat, l'existence de Jules Verne ? Alors que je suis entouré de livres, je ne me souviens pas en avoir vu un seul chez elle. En tout cas, je ne l'ai jamais vu lire. Mais la mémoire est sélective...

5 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

A vingt ans en 1905, j'imagine qu'au mieux, ta grand-mère devait lire les vieux, non, les premiers Bibliothèque Rose ou plus possiblement les petits romans condensés à couverture bleue. Peut-être avait-elle reçu des prix à l'école ? Probablement elle devait plutôt "feuilletoner" dans les journaux ; c'est là que les pauvres lisaient !
Les Jules Verne étaient sûrement destinés aux garçons et aux garçons de la bourgeoisie. Ils étaient chers dans la grande édition Hetzel ! On les retrouvait là encore en feuilleton dans les canards. Et c'étaient aussi des prix, à la fin de l'année scolaire, mais des prix d'excellence ! Les prix d'encouragement, c'étaient plutôt les Sans Famille ou la P'tite Fadaise !
Parce que les gens lisaient en 1905, mais quoi ?!
je me souviens, j'étais pas né mais quand même, du Professeur Nimbus, muet en quatre dessins, sans parole pour les illettrés... Mais c'était peut-être après 1905 ?
J'aimerai bien lire une étude sur la lecture dans ces temps-là.

karagar a dit…

Cette façon d'appréhender le temps me fait parfois sentir le Moyen-âge tout près...

Cornus a dit…

Je pense aussi à ça.
Mes grands-mères avaient 21 ans de moins que la tienne. Ma grand-mère maternelle a toujours lu pas mal, et notamment beaucoup de romans jusqu'à un âge avancé. Elle regardait aussi beaucoup les films et téléfilms étant âgé et semblait prendre du plaisir à tout cela. Cela m'avait tendance à m'intriguer, car je voyais bien qu'elle ne saisissait pas bien comme il faut l'intrique des (télé)films.

plumequivole a dit…

Ma grand-mère pat' était aussi de 1885 et lisait des kms. Le grenier déborde encore de ses bouquins et collections de "Lectures pour tous", que j'ai dévorés aussi mais bcp plus tard parce qu'il y avait paru en feuilleton les romans de Walter Scott dont j'étais raide dingue, et même Notre-Dame de Paris du grand Totor. Grâce à elle j'ai aussi le 1er roman policier édité par "Le Masque" en 1927. Super collector !
Jules Verne c'était les bouquins du frangin, évidemment ! Bibliothèque Verte. Pour les garçons exclusivement...et pour les filles mal élevées. Faut dire que les romans pour filles c'était vraiment à ch...
Et les livres de distribution de prix, j'en ai eu un paquet (Ben oui...). Walter Scott encore, et Dickens, et De Foe. C'était super à lire mais ils étaient vachement lourds. Mais là pas de ségrégation fille/garçon. Forcément, ils achetaient les livres avant la fin de l'année, héhéhé.

Calyste a dit…

Chroum : ça m'intéresserait bien aussi, cette étude sur la lecture au début du XX°.

Karagar : ce n'est pas si loin que ça. Et puis tu sais que j'aime cette période, malgré tout le mal que l'on m'en a dit dans mon enfance.

Cornus : ma grand-mère à moi n'a jamais eu la télé. J'allais la voir chez des voisins, à des heures très précises et indépassables.

Plume : le premier Masque ! Ouaou ! Des prix, je n'en ai pas eu beaucoup : j'étais du genre Poulidor ...