jeudi 9 février 2017

Elle riait.

Voiture arrêtée au feu rouge.

Elle était là, assise par terre, appuyée contre un des piliers du pont de chemin de fer, les jambes recouvertes d'une couverture sale, un anorak bleu sur le dos, sur la tête un bonnet rouge où on pouvait lire "Olympic" en grosses lettres blanches et d'où dépassaient des mèches de cheveux roux et graisseux. Près d'elle un sac à dos, des yaourts  et ce qui m'a paru être une salade de fruits. D'autres objets aussi, inidentifiables. Je l'ai d'abord crue vieille mais, en y regardant mieux, elle devait avoir tout juste vingt ans.

Les gens se pressaient pour traverser la rue, des dizaines qui sortaient de la gare et rejoignaient leur bus. Pas un ne la regardait, perdus dans leurs réseaux sociaux, anxieux de ne pas manquer leur correspondance, pensant au repas du soir ou au programme de télé, habitués, aveugles. Un homme, pour gagner du temps, l'a enjambé, comme un vieux carton emporté par le vent.

Elle ne demandait rien. Elle riait, de son rire de trisomique. Elle riait. D'eux ? D'elle-même ? D'un souvenir ? Elle riait. Au vert, la musique classique que j'écoutais n'avait plus la même résonance. 

3 commentaires:

Cornus a dit…

Je ne sais qu'en dire. Personnellement, je ne m'y habitue pas, peut-être parce que je ne vis pas dans une grande ville et que je ne vois pas de telles personnes tous les jours.

Calyste a dit…

Cornus : moi, habitant une grande vile, je ne m'y habitue pas.

Cornus a dit…

Oui, mais toi Calyste, c'est autre chose et heureusement. Cela m'a rappelé une note vieille de plus de dix ans, qui avait d'ailleurs suscité des commentaires. Je ne sais pas d'ailleurs si j'écrirais encore cette note aujourd'hui (du moins de la même manière). Et hélas, depuis, la situation s'est encore notablement détériorée. http://cornusrexpopuli.canalblog.com/archives/2006/11/25/3268045.html