Les caves, ce n'était rien, que des choses relativement récentes, pour la plupart résidus des derniers travaux chez moi ou caissettes en plastique conservées pour transporter des gravas. Rien qui touche, rien qui fasse se souvenir avant de jeter.
Les greniers aussi étaient pleins, depuis la nuit des temps, depuis mon dernier déménagement il y a vingt ans. Des stores que j'ai aimés et qui n'étaient plus aux dimensions, en particulier celui de mon ancienne salle à manger, bordeaux, qui, fermé, créait une si jolie lumière. De vieilles machines à écrire à marguerite pesant des tonnes et la dernière qui m'a servi si peu jusqu'à l'arrivée d'un ordinateur à la maison. Des cartables à foison, à moi ou à je ne sais quel locataire précédent qui les avait laissés là, avec des devoirs d'enfant à l'intérieur. Des étagères, celle d'angle de la cuisine où se plaisait tant la misère qui dépérit quelque temps plus tard dans sa nouvelle installation. De vieux rouleaux de papiers peints, restes de travaux là-bas, des vitres, des miroirs et trois ou quatre cartons de livres redécouverts derrière tout ce fatras et que je trierai pour en faire profiter quelqu'un d'autre.
Et puis la télévision, ancestrale, qu'il a fallu être deux pour transporter et que j'avais ramenée ici parce que, bien qu'en panne et destinée à être jetée lors du déménagement, elle s'était décidée à redémarrer juste avant que je referme définitivement la porte. Alors me sont revenues en mémoire les dernières images qu'elle avait consenti à nous livrer, alors que la lumière en était défaillante et que j'en incriminais la responsabilité aux techniciens roumains. Fin des années 80, le procès des époux Ceausescu à Bucarest. Ces années de désenclavement de l'Europe de l'Est, ces années où nous croyions encore à un monde meilleur parce qu'espéré libre.
Allez, avance, vieille carne.... J'ai, une fois de plus aujourd'hui, comme un poids de moins sur les épaules.
lundi 16 avril 2012
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