Le retable d'Isenheim a cinq cents ans cette année. Conservé aujourd'hui au Musée d'Unterlinden à Colmar, il a été peint par Matthias Grünewald à partir de 1512 (les partie sculptées, de Nicolas de Haguenau sont antérieures: 1490) pour le couvent des Antonins à Isenheim, près de Colmar et est consacré à Saint Antoine. Mais le plus fascinant est la scène de Crucifixion qui apparaît lorsque les panneaux de ce polyptique sont refermés. Je l'ai découvert avec Pierre, il y a de nombreuses années, lors de notre voyage en Alsace. J'avais été totalement époustouflé par la beauté de cette œuvre. Sur un arrière-plan très sombre, le corps du Christ est celui d'un supplicié: pas de beauté angélique, pas de douceur saint-sulpicienne, de la douleur à l'état pur. Ce corps, distendu par son propre poids , n'a pas de repose-pieds salvateur, les clous dans ses pieds et ses mains les distordent atrocement, les traces de son supplice, stigmates et flagellation, ne sont pas cachés ni embellis.
Et la Vierge, que soutient Saint Jean, est une femme qui voit mourir son enfant. A demi pâmée, elle est livide, comme vidée de son sang. Le supplice de la croix était, dans l'empire Romain, réservé aux esclaves (les citoyens romains étaient, eux, décapités, comme le fut Saint Paul) et le crucifié mourait lentement, par étouffement, dans de terribles souffrances. Je n'ai jamais vu aucune autre œuvre picturale rendre à ce point réaliste cette scène tant de fois adoucie par les artistes au cours des siècles. Seul le Christ mort de Mantegna peut, par certains aspects, y faire songer. (Photos empruntées à Internet, sans indication de provenance.)
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6 commentaires:
Visité (nous étions alors strasbourgeois).
À la façon chinoise, un prof' se référait souvent au doigt du Baptiste (que regarder ?, le doigt ou bien la direction du doigt ? - le dogme au regard de la théologie, etc).
Dans cette Petite Venise de l'Est j'avais également exposé quelques toiles (à 10 mn à pied du musée...).
Merci pour ce rappel, occasion regarder d'autres images et de se poser quelques question stylistiques...
Kab-Aod: Ah! mais c'était de toi, la Vierge au buisson de roses?.....:-)
Karagar: occasion pour moi aussi d'avoir deux "K" aujourd'hui dans mes commentaires! :-)
Je connais (le musée Unterlinden) aussi, de l'avoir découvert avec mes parents au tout début des années 1980. Et d'avoir revu les oeuvres de la chapelle lors d'une visite privée avec la So*ciété bot*anique de Fr*ance en 2000 parce qu'il était question de voir les plantes peintes sur les oeuvres de la chapelle (je ne suis pas sûr que nous nous étions intéressés spécialement à celle-ci).
Ah et puis il manque un s dans le titre, semble-t-il.
Cornus: pardon, professeur! Erreur corrigée.
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