samedi 14 avril 2012

Naufrages

Il y a cent ans, le Titanic. Comment l'ignorer après le nombre d'émissions à lui consacrées ces derniers jours? Pourtant, ce n'est pas au paquebot que j'ai pensé aujourd'hui, date anniversaire du naufrage, mais à mes deux grands-mères. Je n'avais jamais calculé auparavant que, si l'une avait 8 ans au moment de la catastrophe, l'autre en comptait déjà 27. Ainsi donc auraient-elles respectivement aujourd'hui 108 et 127 ans.

Cent vint-sept ans, cette femme austère qui m'a élevé jusqu'à sa mort, en 1960! Cent huit, celle qui m'apportait des croissants certains matins et attendait patiemment que je les ai terminés devant elle, à la grande exaspération de l'autre qui, bien sûr, n'y aurait jamais touché!

Je ressens étrangement le fait que, plus l'on vieillit, plus le temps se rétrécit, non pas de sa propre vie, c'est une évidence, mais de l'éloignement de celle des autres. Ces femmes me sont encore plus proches alors que je m'achemine lentement vers l'âge qu'elles avaient lorsque je les ai connues (pour l'aînée, car, pour l'autre, cet âge est dépassé!).

7 commentaires:

Cornus a dit…

Mes deux grands-mères auraient chacune 106 ans. Donc très peu d'écart avec ta seconde grand-mère.

Moi aussi, je sens le temps couler à toute allure depuis 20 ans. Et quand on pense à la vie de jeunesse de nos grands-parents, cela fait peur. Pour ma part, alors que je me sens encore très jeune, je vois que je ne le suis plus tout à fait quand je dicute avec mes plus jeunes collègues qui ont des grands-parents presque du même âge que mes parents et qui n'ont pas les mêmes références culturelles. Il faut dire que je suis inculte de beaucoup de choses sur le plan musical par exemple. Mais a contrario, je me rends compte que ma connaissance de l'histoire contemporaine et du XXe siècle, tout en étant pas spécialement extraordinaire, est mieux maîtrisée. Dernier exemple : personne ne connaît plus qui était Antoine Pinay (bon, c'est vrai qu'en tant que couramiaud de naissance...)

laplumequivole a dit…

Mes parents auraient eu respectivement 104 et 103 ans ! Bon, il faut dire que j'étais la petite dernière, mais quand même, ça fait drôle...Ça ne me rajeunit pas. En revanche, d'avoir un fils de 30 ans, loin de me faire me sentir vieille, me fait me sentir toujours jeune d'une certaine façon, grâce à tout ce que je partage avec lui et ses ami(e)s. Pas seulement en terme de musique, de livres, de films, mais surtout une façon très semblable de voir la vie. Je n'ai en fait jamais beaucoup cru aux soit-disant différences générationnelles. À force d'en parler on les tient pour vraies mais c'est souvent juste un poncuf.
Et pourquoi je raconte tout ça, moi ? Je suis hors-sujet ! Je dérive !

laplumequivole a dit…

Poncuf ! Vlà que je crée des mots nouveaux.
Poncif c'est mieux.

Cornus a dit…

Laplumequivole n'a pas tort : si mes grands-parents étaient encore de ce monde, je me sentirai encore très proche d'eux, car ils auraient su évoluer avec leur temps, comme nous le faisons tous. Non, ce qui est surprenant, c'est quand on prend une "photographie" de leur vie, par exemple à la sortie de la guerre de 1914 et le déastre absolu qui en a résulté dans certaines campagnes et leur vie dans les années 1980-90. Moi, cela me donne le vertige de penser à tout ce qui s'est passé.

Calyste a dit…

Cornus: tout de même, la notoriété de Pinay a largement dépassé la ville de St Chamond en son temps. Et l'emprunt, et le nouveau franc! Ça ne me dérange pas que l'on ne soit pas un fortiche en musique, mais je trouve dangereux l'ignorance de l'Histoire.

La Plume: hors sujet? Pas tant que ça. d'ailleurs, le fait de devoir quitter la jeunesse à ma retraite me titille un peu. Je n'ai d'enfants que ceux des autres, moi.

Cornus 2: j'ai un peu la même sensation en voyant des images de l'époque de mon enfance. Comment sont-elles perçues par les jeunes d'aujourd'hui? La préhistoire sans doute...

Didier M a dit…

C'est l'idée de rétrécissement du temps qui m'interroge. Le rassemblement d'albums de photos de famille qui couvrent tt le XXéme siécle m'a plutôt donné l'impression d'un long fleuve - pas tranquille du tout - dans lequele je trouvais une place à côté "d'ancêtres" à l'allure juvénile, de jeunes filles en robes de mariées, de troufions hilares jusqu'à ce que j'aparaisse en 1948, puis à mon tour sur photo de mariage, bébé dans les bras... Je suis un peu comme laplume: plutôt en arrêt sur images, pas la fin de l'histoire, non: mais un manége.

Calyste a dit…

Didier: moi, j'ai de plus en plus l'impression d'en être descendu, du manège, si tante est que j'y sois monté un jour.