Un début de sciatique assez douloureux m'a obligé, ces derniers temps, à réviser mes occupations sportives à la baisse. J'aurais préféré un autre moment que ces premiers jours de vacances. Le sport m'est indispensable pour gérer mon stress et mes angoisses. En être privé juste après la mort de Kicou n'est pas non plus pour moi ce qu'il y a de mieux.
Alors il a fallu assumer autrement. En trichant d'abord: je ne cours pas mais je me déplace, à pied, en vélo, tant que je peux. Hier après-midi, je suis allé à la recherche de deux autres petits lacs à Miribel: un bon bout de chemin à pied en plein soleil pour découvrir un beau site, hélas quasiment vide. Me suis consolé en prenant quelques photos d'insectes et de chardons.
Ensuite en n'occultant pas une question qui me traverse l'esprit un peu trop souvent à mon goût ces derniers mois: ne suis-je pas en train de vieillir, de franchir un cap aussi bien physiquement que moralement? Je ressens cela avec beaucoup d'acuité depuis quelque temps, sans savoir d'où me vient ce sentiment.
Il m'est difficile de juger moi-même mon apparence physique, même si je trouve que le port d'une barbe, même courte et régulièrement taillée, rend le visage plus austère, donc plus vieux car cette toison est beaucoup plus sel que poivre. Un petit ventre a également tendance à vouloir apparaître depuis que j'ai réduit la course à pied mais rien de catastrophique encore et qui ne soit récupérable rapidement. Alors quoi? Une fatigue physique accumulée et qui se manifeste actuellement, c'est sûr. L'idée que dans à peine plus de trois ans, je fêterai mes soixante ans, et ça, pour moi, c'est de la pure science-fiction. Mon désintérêt (momentané?), disons plutôt mon plus faible appétit pour les safaris homos et autres joyeusetés de la libido.
Côté moral, une prise de distance vis à vis de mon travail - c'est ainsi la première année que je ne me sens pas déprimé trois jours après avoir quitté les élèves, en tout cas pas à cause de leur absence-, l'impression de gérer les choses au coup par coup, par exemple en ne procédant à un minimum de rangement dans mon bureau que lorsque je ne peux plus décemment faire autrement, une sorte de Carpe Diem où un événement chasse l'autre, goûté sur l'instant mais vite rangé dans les tiroirs de l'oubli. Est-ce cela vivre dans l'immédiateté? Un désintérêt de plus en plus marqué pour la lecture autre que celles rencontrées ou recherchées sur cet écran, et encore.
Bref, la machine Calyste a un peu de jeu dans les rouages. Rien de grave mais à surveiller. Je pars demain dans la Creuse pour une semaine. Objectif: ne rien faire du tout, sauf peut-être un peu de baignade au lac de Vassivières, où Noëlle m'a dit avoir repéré quelques petits plages isolées à fréquentation nudiste intéressante, au moins pour l'œil. Je sais que, chez elle et Gérard, je peux vivre la vie dont j'ai envie, sans avoir à me forcer à une quelconque sociabilité quand je n'en ai pas envie. La France reculée, en général, ça me convient pour faire l'huître qui se fatigue même de bâiller.
C'est étrange: il y peu, j'aurais dit, j'ai dit, que cela ne me dérangeait pas de vieillir. Aujourd'hui, je semble affirmer le contraire. Je crois que les deux positions ne sont pas si antinomiques que cela: j'aime avancer dans l'existence, en connaître tous les plaisirs (je suis avant tout un épicurien), vivre des expériences et des moments différents. En même temps, j'ai du mal à accepter que le corps parfois ne suive pas, qu'au moment où la vie vous tend une savoureuse pâtisserie (et il y a bien peu de temps que je suis à nouveau apte à la savourer, cette douceur), elle s'arrange pour en limiter la jouissance, d'une manière ou d'une autre. Encore une fois le coup du pompon à la fête foraine!
Je crois enfin que mon âge qui avance (je n'ai pas dit "avancé") me rend trop vite lucide face à de nouveaux jouets récemment acquis. A vingt ans, j'aurais gardé mes illusions beaucoup plus longtemps. Aujourd'hui, je perçois le fond, vaseux ou pas, sous le courant d'eau apparemment claire. Tant mieux, en un sens. Mais c'est l'enthousiasme qui en pâtit et je crois vraiment que je suis quelqu'un d'enthousiasme.
Tiens, par exemple, en finissant ce billet, je me disais: "Tu vas sortir, prendre l'air". Eh bien voici qu'il pleut. Quand je vous dis....
mardi 7 juillet 2009
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11 commentaires:
Si ça peut te rassurer, je ressens la même chose (pour la première fois) à l'approche de mes 41 ans (même si ce matin encore on m'en donnait une trentaine). Le corps s'use avec le temps, qu'on le ménage ou pas, c'est un fait. Mais récemment je me suis dit que mes fatigues de quadragénaires étaient sans doute proportionnelles à celles de mes 20 ou 30 ans, et donc aussi à tes futurs 60 ans. Nous avons seize années de différence et j'aurais pu signer quelques unes de tes phrases. Sauf que je fume, bois, et ne cours pas ^^
Ah oui, et cette question : pourquoi te laisser pousser un peu de barbe ?
Les chardons... oui, mais avec un insecte dessus.
De toute façon, le moral, ça va ça vient. Et c'est comme les vagues ou un balancier. Le mouvement, c'est la vie. Ce qui permet de se réajuster.
Des nouvelles lunettes ?
Et ta barbe courte te va bien.
Bises, J.
Bonnes vacances et malgré ma jeunesse relative, je compatis à ces questions qui taraudent l'esprit jusqu'à la déprime parfois.
Y'a pas qu'le moral qui va et vient!!!...hé hé!!...
Oups, pardon,... c'était le clin d'oeil lubrique...;-)
J'ai sans cesse pensé à toi, Kab-Aod, en écrivant ce billet, à ce qui transpire de ce que tu as posté ces derniers temps.
Tu fumes, tu bois et ne cours pas, mais tu as seize ans de moins!
La barbe, c'est parce que je n'ai jamais aimé me raser!
Je suis d'accord avec toi, J.: le mouvement, c'est la vie. Alors qu'est-ce que je peux être vivant! Tu ne trouves pas? Merci pour la barbe. Quant aux nouvelles lunettes, j'y songe! Tu viendras avec moi pour l'essayage? Il n'y a rien de plus difficile à choisir, surtout pour un mec qui, par définition, se voit flou.
Bises, R.
-Y-, j'aimerais qu'on en parle un jour autour d'un verre dans le quartier: 3° ou 7°, au choix. Qu'en dis-tu? Parler de ça ou de tout autre chose, bien sûr. D'histoire par exemple.
Enfin, Piergil qui se réveille. Mais où étais-tu passé?
Bonnes vacances ! Oh et puis tu dois bien savoir que les années (contrairement à ce que prétend l'état civil), ça va, ça vient !
C'est ton oeil ?
Merci, Christophe.
Toujours aussi curieux, Petrus. Oui, c'est mon œil, vu de près. Si tu veux voir ceux de certains de mes collègues, clique sur Flickr (mes photos) dans la colonne de droite.
Oui, me d'mande bien pourquoi Aurelien a eu droit à se faire prendre (en photo) sa belle paire ...(d'yeux)... alors que les autres sont borgnes!
M'enfin, n'ai pas p'tite idée sur la réponse... 'a m'donne envie d'retourner à l'école!!.... ne chang'ais même ma place au fond de le classe contre celle au premier rang avec vue sur ( et sous) le bureau!! ;-)
Ah ben mince, j'arrive en retard, (selon ma bonne habitude en blog) pour te faire la bise du départ : je cours, je cours tout essoufflé sur le quai de la gare, avec mes fleurs à la main... zut, le train est parti.
Bah, mon diagnostic vaut ce qu'il vaut, mais : as-tu pensé que tout simplement ton coup de pompe physique (et donc moral, puisqu'ils sont indissociables) ne pourraient être qu'un contrecoup de la fin de l'année scolaire ? C'est classique comme phénomène. On se "relâche" physiquement. C'est donc très bien que tu partes une semaine recharger tes accus et reposer ton dos (je compatis sur ce point, je connais !!!).
Physiquement, barbe, petit bidon, maturité, ça peut être très sexy... ;-)
Pour le reste, je ne peux t'imaginer en quelqu'un qui se désintéresse de tout, y compris de la lecture, hormis celle des blogs. Sur ce point aussi, j'ai mon idée perso, je t'en reparlerai. Mais un Calyste comateux et cachectique, impossible de me le représenter, que ce soit à 60, 70 ou même 80 ans !
Alors, passe de très bonnes vacances, et oublie toutes ces bêtises. Bisous, bisous.
Réponses bien tardives de ma part:
Piergil, je ne suis pas partageux!!!
Lancelot, je crois que tu as raison: après une semaine de repos, j'en suis même sûr!
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