Encore un livre que j'ai hésité à lire. On m'avait dit, j'avais entendu que Paul Auster n'était plus ce qu'il avait été, que ces romans étaient vides de contenu et inintéressants. J'avais beaucoup aimé tous ce que j'avais lu jusque là de cet auteur (sauf, étrangement, La Trilogie new-yorkaise). Me lancer dans La Nuit de l'oracle avec cette appréhension d'être déçu, de tarir une de mes sources de plaisir, n'a donc pas été facile.
J'ai bien fait de franchir le pas: j'ai adoré ce roman comme les autres. Un homme, au sortir de graves ennuis de santé qui l'ont mené jusqu'aux portes de la mort, achète par hasard, dans une étrange papeterie tenue par un chinois tout aussi étrange, un petit carnet bleu fabriqué au Portugal dont le format et le toucher du papier lui plaisent. Rentré chez lui, il se met à y écrire, convulsivement, comme on assouvit un besoin naturel. Encouragé par un ami de sa femme, lui écrivain reconnu et adulé, il commence un roman, puis un scénario.
Peu à peu, cependant, il en vient à se demander si ce carnet, au lieu de lui apporter l'équilibre escompté, n'est pas tout au contraire en train de le démolir, de briser sa vie et celle de ceux qui l'entourent. Lorsqu'il a connaissance de la mésaventure d'un jeune écrivain prometteur qui, en France, s'est arrêté d'écrire, suite à la mort de sa fille qu'il avait décrite de façon prémonitoire dans son roman, il s'interroge sur la force des mots rédigés, sur leur nécessité dans la vie d'un homme et sur le danger qu'ils représentent de rendre a priori réelle la réalité future.
L'histoire se lit sans déplaisir, bien au contraire, mêlant au fil des pages le quotidien du narrateur, la fiction qu'il est en train d'élaborer et celle que, peu à peu, il est en train de voir s'installer dans sa propre vie. Et lire du Auster, c'est aussi pour moi le plaisir d'un style léger, qui me convient, où rien n'est appuyé et où tout, même le moins crédible, est d'une évidence absolue.
Pas d'extrait cette fois-ci encore: j'ai déjà prêté le livre à Stéphane.
mardi 21 juillet 2009
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4 commentaires:
J'ai des sentiments très mitigés sur Paul Auster. Sa capacité à changer radicalement de style (une grande qualité, c'est vrai) d'un roman à l'autre fait que j'ai tendance à mélanger ses livres das ma tête. Certains m'ont laissé un sentiment affreux de malaise pendant la lecture (c'était voulu, je pense). Un écrivain qui a un impact très fort sur moi, mais pas un impact agréable. Il me fait presque peur.
Étrange! Tu es le premier que j'entends dire ça! As-tu essayé de comprendre pourquoi?
Oh, une sombre ratatouille psychanalytique, probablement, que je n'ose trop remuer....
"La Chambre dérobée" dans la Trilogie New-Yorkaise, notamment. Ca m'avait flanqué un sentiment de malaise insupportable.
La Trilogie est justement LE livre de Auster que je n'aime pas.
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