Hier soir, j'étais invité à l'apéritif par Delphine, une collègue de maths que j'aime bien (ben oui, même les maths!) et dont le mari a couru lui aussi le semi marathon de Lyon.
Bien sûr, l'apéritif s'est prolongé par un très bon repas du soir (tarte au fromage et courgettes, gâteau de riz, Mmmm!!!), et moi qui ne voulais pas trop boire, j'ai bien apprécié le bon vin blanc qui arrosait tout ça.
Nous avons avec Laurent beaucoup parlé de course à pied, naturellement. Je crois, je suis sûr, que j'ai découvert un autre fêlé de ce sport, et nous avons décidé de nous retrouver parfois le vendredi après-midi pour nous entraîner dans les bois de Sainte-Foy, après l'inspection bien sûr. Nous avons même évoqué, pourquoi pas, un marathon complet à moyenne échéance. Lui l'a déjà couru deux fois, et c'est vrai que ce doit être jouissif de se dire qu'on l'a fait.
Ensuite, nous avons changé de conversation pour parler de points plus personnels. J'ai été heureux de la façon naturelle dont cette conversation s'est déroulée. Je n'ai pas prononcé le mot d'homosexualité mais je n'en ai rien caché. En évoquant Pierre, Delphine a parlé d'un compagnon, puis a préféré tout de suite "mon" compagnon.
Je n'ai plus de gêne à être moi-même, devant qui que ce soit. Ceux qui m'aiment me prennent comme je suis, intégralement. Les autres, je m'en moque. Ainsi, dans ma famille directe, seule ma mère n'est pas informée de ma sexualité: il est trop tard et je ne voudrais pas, à son âge, risquer de lui causer un chagrin trop gros peut-être. A préciser tout de même qu'elle connaissait parfaitement Pierre, qu'elle l'appréciait beaucoup et qu'elle n'a jamais posé de questions gênantes sur notre communauté de vie, chose qui, chez ma mère, mérite d'être relevée.
Si cela peut en aider certains, je dois dire que chaque fois que j'ai voulu être honnête avec quelqu'un et lui faire la confidence, je suis toujours tombé sur des gens qui m'ont répondu: "Mais bien sûr, on le sait depuis longtemps. Et alors?". (Je précise que, chez moi, ça ne se voit tout de même pas comme un nez au milieu de la figure); la palme revenant à mon frère à qui je m'étais confié alors que nous tournions autour de vingt ans, moi un peu plus, lui un peu moins, et qui m'avait répondu: "Oui, moi aussi, j'ai essayé, mais je préfère les filles.", avant de changer totalement de sujet. Je lui aurais parlé d'une rage de dents, ça lui aurait fait le même effet. Je me souviens qu'à l'époque, j'avais trouvé ça un peu frustrant pour quelqu'un qui croit avoir un secret capital à révéler.
Aujourd'hui, plus de secret, plus de mystère, pas d'agressivité ni de fière revendication non plus. Je n'ai pas à être fier d'être homo, mais je n'ai pas non plus à en avoir honte. Tout ceci est bien rangé dans ma tête et cette clarté me met à l'aise avec moi-même et avec les autres.
Merci à Delphine et Laurent pour cette soirée douce et amicale.
dimanche 5 octobre 2008
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7 commentaires:
J'ai un peu la même expérience que toi, la société change...
Voilà un billet qui fait plaisir à lire et qui montre que, le temps faisant, tout ne va pas forcément plus mal :)
Cela dit, j'ai une collègue, retraitée cette année, qui est lesbienne - sans fierté ni sans honte, je l'ai appris par d'autres qu'elle - et certains charmants collègues la traitent régulièrement de goudou dans son dos, comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse...
- Et alors ? - Calyste, je ne suis pas certaine que ce soit aussi simple que cela, s'il s'agit de son fils, de son époux, ou bien d'un homme dont est très amoureuse. Ce n'est pas une question de tolérance, ni d'altérité ; ce n'est pas non plus la crainte du regard des autres. C'est autre chose. La terre tremble. Quant au secret, j'ai un beau secret (moi aussi), et je l'ai confié une fois, deux peut-être, et aucune réaction. Un peu déçue, juste un peu ;-)).
"Misérable petit tas de secrets" disait un homme célèbre.
Excellent la réponse de ton frère :) Le personnage doit être sympa !
@ Shakti : J'ai toujours trouvé pour ma part le mot goudou sympa et amusant, un peu ludique même. Franchement, il y a bien pire non ?
oui y'a pire, mais quand on a connu une seule fois la haine, le mépris, la violence et l'humiliation même des années après difficile de ce débarrasser d'un sentiment de honte irraisonné qui reste là tapi au fond de soi et peut ressurgir au moindre petit mot...alors pour redresser la tête il faut songer à tous ceux qui y ont laisser leur vie
Avec le peu de temps que j'ai à moi en ce moment, je n'arrive pas à répondre chaque fois individuellement. Mais je vous lis, je vous lis, et tous les jours avec plaisir. Allez, dans dix jours, je reprendrai une vie normale. Enfin, j'espère!
Je suis assez d'accord avec Anna. On a beau dire, ce n'est pas anodin. Moi aussi, j'ai eu le coup avec pas mal d'amis qui ont pris ça, genre : "Ah bon tu as une rage de dents?" et qui sont ensuite passés à autre chose. Mais bien souvent c'est aussi une façon pour eux de se donner une contenance, alors qu'ils trouvent malgré tout cela assez "lourd" à digérer (même si le temps les y aide par la suite, et tant mieux).
Alors, la société a beau évoluer, et c'est bien, il n'empêche. Dire à quelqu'un qu'on est homo (et je récuse volontiers le terme "avouer" qui sent sa culpabilité rentrée), c'est pas la même chose que de dire qu'on est fumeur ou non fumeur. Moi je prends quand même des gants, et j'attends des occasions propices, en tête à tête. Je ne lance pas ça par hasard et négligemment, lors d'un repas entre collègues, par exemple.
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