lundi 20 octobre 2008

Chez Ginette, à Anse.

(Pyramides, face à l'église d'Anse)

Après avoir constaté que le restaurant que connaissait J. en bord de Saône était en travaux et de en plus relativement onéreux, nous avons poussé la Kangoo jusqu'à Anse, castrum romain près d'un gué sur la rivière qui joua un grand rôle lors de l'avancée de César à la conquête de la Gaule. Coup d'oeil par ci, jetée de paupières par là: rien ne nous enchantait. Soit le menu ne nous convenait pas (des concombres!), soit c'était le cadre qui s'apparentait davantage à une chambre froide pour grands quartiers de boeufs à détailler.

Un instant, nous avons l'un et l'autre rêvé d'être invités par un monsieur plein de charme qui garait sa voiture en nous regardant, intrigué. Pour le rassurer (hum,hum!), je lui ai lancé un joyeux bonjour assorti d'un sourire des grands jours. Il m'a rendu tout ceci mais n'en a pas moins disparu chez lui avec son charme et ses gâteaux.

Finalement, c'est Ginette qui eut la préférence. Plusieurs raisons à cela: un commercial, ma foi croquable, qui en sortait et aurait eu du mal à passer pour un tombeur de dames, un menu appétissant et dans nos prix et enfin une tablée de pompiers, une quinzaine de mâles accompagnés d'une seule femme, qui mettaient joyeuse ambiance. L'intérieur comportait une salle de café assez spacieuse et une de restaurant plus petite où l'on nous installa, coincés tout contre les pompiers.

Bon, d'accord, je vais préciser tout de suite, car je sens que vous êtes fébriles et que vous allez m'insulter si je vous parle d'abord du menu. Aucun de ses vigiles du feu ne pouvait réellement nous embraser, J. et moi: des hommes de tous âges mais au physique assez banal, sauf le regard de l'un d'eux que j'avais la chance de bien voir de ma place.

De l'autre côté d'une petite murette intérieure rouge vif ne tardèrent pas à arriver cinq hommes avec dossiers immobiliers en main, dessins de géomètres, plans divers, photos des travaux et, accaparés par leur discussion technique, ils ne remarquèrent pas que tous les deux, nous n'avions d'yeux que pour ceux du plus jeune, de magnifiques yeux verts ombrés de longs cils recourbés. J. et moi étions d'accord: de loin le plus beau spécimen de la race masculine dans la salle.

Quoique, quoique... J'avais aussi dans ma ligne de mire un autre homme, un ouvrier accoudé au bar, dont le torse sous sa polaire semblait promettre de bien beaux voyages entre monts et forêts, dont les yeux clairs étaient brillants et rieurs et dont les oreilles, ah! les oreilles, me firent un effet à peu près similaire à celles de Cary Grant dans La Mort aux Trousses: des oreilles que l'on a immédiatement envie de toucher, d'embrasser, de lécher, de contourner avec la langue, de mordiller, d'explorer.... des oreilles un peu décollées comme je les aime chez des gens aux cheveux courts (non, ce n'est pas du nombrilisme, je n'ai jamais fantasmé sur mes propres oreilles!). J. n'a pas pu en profiter et me donner son avis car "il bello" est sorti par une autre porte au fond du café.

Alors, le menu? D'abord un buffet de salades et crudités typiquement lyonnaises, abondant et excellent, qui faillit me couper l'appétit pour la suite. En plat de résistance, nous avions le choix entre navarin d'agneau et chili con carne, que la petite employée s'obstinait à prononcer chili con cornée, m'évoquant immédiatement des orbites globulaires à la place des gros haricots secs. En bons camarades, nous avons décidé de partager les deux, et les deux étaient excellents comme le fromage blanc nature et la part de gâteau à la noix de coco accompagné d'une boule de vanille qui terminèrent avec un café ce repas simple mais bon et généreux.

Bonne et généreuse, elle l'était aussi sans doute, Ginette, l'agréable grand-mère qui tenait ce restaurant, aidée par sa belle-fille aux fourneaux, que nous eûmes aussi le bonheur de voir dans la salle. Deux femmes du peuple,on dirait "deux mères" à Lyon, qui nourrissent les autres dans la joie et la simplicité, sans "en faire un plat", et qui seraient sans doute toutes surprises si on leur disait qu'elles font un des métiers les plus respectables du monde.

Quand nous sommes ressortis, il faisait froid mais le soleil avait définitivement gagné la partie, dans le ciel et aussi à l'intérieur. Nous venions de partager un bon repas, échangeant sur tout et n'importe quoi, nous coupant la parole, revenant au premier sujet, dans un grand bien-être. Si vous voulez connaître ça, allez Chez Ginette, à Anse, sur la N6. En descendant du nord, c'est le dernier restaurant à droite avant le pont. Bon appétit!
PS: pour confirmation du plaisir ressenti, allez voir chez Jahovil. Lui aussi a parlé de Ginette! En plus, il y a des photos!

(à suivre...)

5 commentaires:

JaHoVil a dit…

J'avais zappé deux choses : le fromage blanc, si petit au fond de son ramequin que je l'ai avalé en trois cuillerées, et aussi que tu avais eu froid en sortant, certainement en manque de bras qui t'enserrent après le café.
Et j'adore tes photos.
Bises, J.

Calyste a dit…

Réponse en quasi simultané.
Ne t'inquiète pas, j'avais chaud à l'intérieur.
Pour les photos, merci. J'espère bien voir les tiennes, surtout celles que j'envie, tu sais bien...
Bisous, R.

Anonyme a dit…

Merci pour le tuyau du resto de la N6.
C'est l'automne, en montagne la période de rut est commencée chez les chamois, il n'y a pas que chez les chamois semble t-il...

Calyste a dit…

Vous êtes perspicace, Totem!...
Allez chez Ginette. Ce n'est pas de la haute gastronomie, mais c'est fichtrement bon!

Anonyme a dit…

Faire de la pub pour restaus (et sur leur fréquentation...) par blog interposé. en voilà une idée qu'elle est bonne. A généraliser.