A peine rentré, grands cris dans la cour de mon immeuble.
Six ou sept gamins de quatre à huit ans s'y amusent avec ardeur et bonne humeur. Le seul ennui, et de taille, c'est qu'ils mettent autant d'ardeur à courir qu'à pousser de cris perçants de sioux sur le sentier de la guerre. Des étendages de draps menacent à tout instant d'être emportés par cette folle chevauchée.
Ce que je prévoyais n'a pas tardé à se produire: le locataire du rez-de-chaussée, exaspéré par ce vacarme, a ouvert sa fenêtre et commencé à rouspéter. Alors, Madame Sans-Gêne, sans doute la mère d'un ou plusieurs gnomes ici présents, a bien sûr pris leur défense. Il faut l'imaginer très bourgeoise gauche caviar, trente cinq ans environ, assez belle femme (mais rendez-vous dans vingt ans!), le genre à laisser sa progéniture courir sur les pelouses interdites et à rouler à vélo sur les trottoirs en rouspétant contre les voitures.
Elle a exactement le type qui me fait grimper aux arbres immédiatement. Non, ne vous méprenez pas, je ne suis pas en train de virer ma cuti. Monter aux arbres, ici, ça veut dire m'exciter dans le mauvais sens du terme. Voyant que le brave garçon n'en viendrait jamais à bout, j'ai bondi, preux chevalier, à son secours, et les répliques acides ont changé d'étage.
Bien sûr, ces enfançons sont irréprochables, ils ne feraient pas de mal à une mouche, on leur donnerait le Bon Dieu sans confession. Ils sont respectueux, et ci, et ça. J'ai beau lui dire que l'espace de la cour n'est pas un terrain de jeux et que tous les squares du quartier sont beaucoup mieux aménagés pour ce type d'activités, elle n'en démord pas: elle a forcément raison. D'ailleurs, de quoi nous plaignons-nous? La rue, elle, fait beaucoup plus de bruit.
A chacun de ses arguments, je lui en montre l'insuffisance et l'inanité, sans me démonter. Excédée, elle montre enfin sa vraie face, cachée jusque là derrière son parfait vernis social de bonne parleuse: elle nous lance à la tête qu'elle nous trouve "lamentables". Je lui fais gentiment remarquer qu'elle est la seule dans cette discussion à porter des jugements de valeur sur les autres et que, de la part d'une femme de sa "qualité", je ne trouve pas que ce soit bien polie. C'était la touche décisive: elle maugrée, fait de grands moulinets avec les bras, ramasse sa marmaille qui, bonheur inattendu, assistait en silence, à l'échange aigre-doux et file dans son immeuble sans plus attendre.
Je déteste ce genre de personnes, homme ou femme, qui profitent de leur parole aisée pour faire la morale aux autres et tenter de les culpabiliser afin de bénéficier en toute impunité des avantages qu'ils croient être à eux seuls destinés. J'en croise journellement qui ne voient même pas la gêne qu'ils peuvent causer, à des personnes âgées en particulier, en monopolisant l'espace piétonnier avec leurs vélos, leurs poussettes-chars d'assaut et bien souvent leur automobile surdimentionnées (parce que, bien sûr, on râle contre la pollution mais il faut au moins un pare-buffles pour protéger sa progéniture sacrée dans les rues de Lyon). Ces gens-là puent davantage que leurs voitures et je les hais.
samedi 11 octobre 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
7 commentaires:
Aaaaah, les enfants qui braillent... une de mes phobies préférées...
A placer en 1 au sommet de ma liste... Non, en 2. Tu as raison. En première place, ce sont leurs parents qui les défendent : "Ben il faut bien que les enfants s'amusent ! et les enfants, quand ça joue, ça fait du bruit..." (et quelquefois : "on voit bien que vous n'en avez pas...." : je me retiens à chaque fois de répondre "Dieu merci")
Pourquoi se retenir? D'autant qu'en fait, on en a une centaine par jour, les leurs certes mais qui passent un temps certain avec nous.
Tu as bien fait, je suis pareil !
La liberté des uns commence là où s'arrête celle des autres. Vous avez raison d'écrire que les aires de jeux pour enfants sont meilleures que les cours intérieures. Et puis terrible constat que ces bonnes femmes qui sacralisent leurs gamins au mépris d'autrui... C'est aussi le symptome d'une société terriblement individualiste : tout pour ma gueule, rien pour les autres, j'entens aucun respect.
Je vois que l'on m'approuve. Je me sens moins seul! Merci, les amis!
Je les hais aussi, ce genre de personne et tout spécialement ceux, même s'ils ne sont pas comme elle, qui annexent les trottoirs avec les vélos et qui vous rentrent dedans, sans s'excuser comme si ce n'était pas normal qu'on soit sur leur chemin. Ouais, je les emmerde.
Je connais tout de même certains cyclistes fort courtois, Nicolas! Ceux que je ne supporte pas, ce sont ceux qui te sonnent pour te faire te garer le long du mur. Là, par esprit de contradiction, j'occupe tout l'espace.
Enregistrer un commentaire