Ce n'est pas encore aujourd'hui que j'ai savouré le repos.
Grosse journée de cours (6 heures), suivie de corrections de copies pendant plus de trois heures en attendant le conseil de classe que je devais animer en tant que professeur principal (1 heure, parce que, l'ayant préparé, je l'ai mené tambour battant). Si je compte bien, cela doit faire dix heures pour aujourd'hui, sans, bien entendu, compter le temps du repas, celui des trajets et celui, ce soir, de trouver une place de stationnement.
Parti ce matin à 7h20, je suis entré dans mon appartement à 20h30: treize heures dehors. Je ne me plains pas du tout, j'ai aimé ma journée, efficace et dynamique. Je donne simplement un exemple à ceux qui pensent que, dans l'enseignement, on se la coule douce. J'ai pu voir qu'il pleuvait lorsque je suis sorti du bâtiment pour appeler J., à treize heures. Le reste de la journée, je ne sais pas le temps qu'il a fait.
En arrivant devant les boîtes à lettres, ce soir, j'ai eu l'heureuse surprise de voir qu'elle était vide de publicité (qu'elles étaient, plus exactement, puisque j'en possède deux, une à mon nom, l'autre à celui de Pierre). Bonheur rare ces derniers jours car d'ordinaire, particulièrement le lundi, elles débordent de publicités bourrées à en faire péter la porte: des pour les courses alimentaires, des pour les travaux de rénovation de l'appartement, des pour acheter mon appartement, des pour les pizzas, des pour l'électroménager, des Carrechan, des Aufour, des Casiprice, des Leaderno, etc, etc, etc.
Mais la nouveauté de ces jours derniers, ce sont les catalogues de jouets. Oui, mi- Octobre, on commence à mettre les petits souliers devant la cheminée. J'ai vu qu'Olivier Autissier en ressentait la même exaspération que moi. On va donc nous bassiner pendant deux bons mois avec ça! Et je parie même qu'il existera cette année des jouets bio, écolo ou commerce équitable. Bientôt les guirlandes apparaîtront dans les rues, et vogue la consommation abusive, pour ceux qui en ont les moyens bien sûr.
Il faudra bien un jour que je supprime la deuxième boîte. Je m'y sens prêt et recule encore le moment par souci du courrier qui arrive encore parfois au nom de Pierre. D'ordinaire des invitations lancées par des organismes avec qui il a travaillé et dont les fichiers informatiques n'ont pas été mis à jour. Cela, je n'en ai rien à faire. Parfois un courrier du notaire de sa famille, qui n'a pas encore compris que l'adresse pour ces envois avait changé. Je fais suivre à sa sœur qui, je l'espère, existe encore, ce que je ne peux certifier, n'en ayant plus jamais eu de nouvelles, ni de remerciements.
Une fois, une seule, une lettre d'une de ses amies perdue de vue qui lui souhaitait un prompt rétablissement après ses ennuis de santé. Elle avait indiqué son adresse. Je l'ai informé de la mort de Pierre. Pour cette lettre seulement, je ne regrette pas d'avoir laissé le nom et la boîte. Mais maintenant, cela fait plus de trois ans que Pierre n'est plus là et son nom reste, ainsi que sur la porte d'entrée. Ça n'a plus de sens. Je me sens prêt, je vais le faire.
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