vendredi 17 octobre 2008

La cage s'est ouverte.

Je me suis évadé.
(Âmes prudes et sensibles, ne pas lire.)

Un vélov en bon état de marche à la station et j'enfilai les rues en direction du parc. Je devais sourire sans m'en apercevoir car plusieurs passants me rendirent ce sourire. Je revois encore ce soir les yeux étonnamment bleus d'une femme qui me fixa le temps de mon passage. Je faillis m'arrêter pour lui dire combien je la trouvais belle. Est-ce possible? Comment aurait-elle réagi? Je ne voulais rien d'elle, seulement lui dire le plaisir de mes yeux. Je me sentais bien, je me sentais beau.

Malgré le soleil, le vent frisquet s'immisçait sous mon vêtement de sport mis à même la peau, comme j'aime qu'il me caresse. Douce sensation de chaleur et de frisson retenu. Dans une voiture que je côtoie longtemps grâce au jeu des feux rouges, un sportif musclé en short et débardeur sur lequel ma vue plonge depuis mon vélo plus haut placé. Ses cuisses un peu dans la pénombre semblent encore bronzées et s'écartent lorsqu'il relâche les pédales. Il me regarde: beau visage bien plein de jeune mec de la trentaine. Nous nous sourions. La chaleur monte, le frison frissonne. Je le perds de vue en arrivant au parc.

Mais d'autres courent, cet après-midi. Les tenues de sport sont encore estivales. J'enchaîne mon pas sur celui d'un autre, au short un peu court qui laisse voir à chaque foulée un petit espace de peau blanche, fragilité de cet univers cuivré et musqué. Je me délecte de ses jambes aux chevilles fines et bien dessinées, aux mollets apparents sans être agressifs, aux courbes de la cuisse qui appellent ma main à caresser le duvet qui s'y colle sous la sueur. Qu'y a-t-il sous ce bout de tissu synthétique? Quelle moiteur y découvrir? Dans quel parfum y plonger? Je le suis jusqu'à la voûte de Stalingrad, où il quitte le parc en direction du Tonkin.

Arrivé près de la salle de l'Amphithéâtre, je décide moi aussi de quitter le parc et de prendre le chemin de la Feyssine par les bords du Rhône. La température, ma température a augmenté. Sur l'île que j'aborde sans trop me mouiller les pieds, presque personne. J'observe un instant la parade érotique de deux mâles prêts à conclure mais je les laisse vite seuls consommer leurs désirs. Je n'ai pas encore envie de me refroidir.

Je poursuis en direction des bosquets, mi courant mi marchant. Un autre coureur aperçu de loin au bout de la piste change son itinéraire pour croiser le mien, mais il ne m'inspire pas. Je continue et descends me perdre dans les fourrés encore assez fournis en cette saison. Le premier tour se passe solitaire: pas l'ombre d'un homme à l'horizon. Pourtant, il fait beau! Mais il est encore tôt dans l'après-midi.

Je retourne sur l'île. L'eau a encore un peu monté mais j'arrive à passer. Un autre inconnu est arrivé, jeune et mince, le teint mat. Peut-être propice à éteindre mon feu. Mais il ne semble pas savoir ce qu'il veut. Je quitte l'île, d'autant plus vite que l'eau monte encore et qu'il me faut, cette fois-ci , me tremper les chaussures.

Après quelques kilomètres de course, je refais une incursion dans les fourrés. J'y débusque ma proie, visiblement consentante. Les préambules se limitent à peu de choses. Il me demande ce que j'attends de lui, je le lui dis et il ne fait pas de manière pour me satisfaire. J'aime cette franchise dans le désir sexuel. J'aime aussi comme il prend son temps pour faire monter mon désir, par de petits coups de langue, de profondes aspirations, de sinueuses reptations sur mon sexe dressé, de plus en plus dur, à m'en faire mal, pendant que je caresse, tout en le dirigeant, son crâne un peu dégarni à la peau bien douce. Alors, lorsqu'il sent que je suis prêt, il se retourne et m'offre ma jouissance que je parviens, pour son plaisir, à retarder encore. Je le tiens par les reins, fermement, et nous accordons nos saccades, nos respirations haletantes jusqu'au râle final, quasi simultané.

Ensuite, il ne s'enfuit pas. Nous sourions et engageons un début de conversation sympathique et sans prétention. Il n'y est pas question de nos prénoms, de nos lieux d'habitations, de nos activités. Rien de tout cela. Simplement du plaisir donné et reçu, partagé simplement. Nous resterons des inconnus, heureux d'avoir été un instant à l'unisson intime. Après une dernière tape sur l'épaule, je reprends en courant le chemin du parc, léger, léger...

Alors qu'en fin de course, je fais mes étirements, je remarque que je laisse pas indifférent un beau brun de type méditerranéen, comme disent nos amis des renseignements généraux. Je n'ai guère de temps à lui consacrer, puisque je dois bientôt rejoindre ma mère, mais je ne repousse pas sa stratégie d'approche. J'apprendrai ainsi qu'il habite en Algérie mais qu'il réside en ce moment chez un ami, à cinquante mètres de l'entrée du parc, que cet ami n'est pas là cet après-midi et qu'il m'invite volontiers à venir prendre ma douche chez lui. Je fantasme un instant sur la scène ( chaleur, vapeur, moiteur) et sa suite (essuyage, massage, pas sage), bien attrayante il est vrai, mais je refuse l'invitation, par manque de temps. Uniquement par manque de temps, car je me sens encore suffisamment d'appétit pour un deuxième service. Un autre jour peut-être, si nos chemins se recroisent.

Il y a des jours comme ça, où il suffit de sourire...

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Et bien dis donc, quel programme chargé (ou déchargé, c'est selon). Tu ne fais pas les choses à moitié toi quand tu décides de t'y mettre. Je me surprends à penser que j'aurais aimé te surprendre ; ça me donne presque envie de fourrager moi aussi, à des f(a)ims différentes et puis... je cherche un coin libre pour bouquiner héhé.

Anonyme a dit…

Très beau texte :) Mais dis-moi, la photo... c'est un bouc ??!!

Anonyme a dit…

Eh bien, on a fini par les avoir, les aventures de Bambi le Chevreuil... depuis le temps qu'on les attendait...

"la franchise dans le désir sexuel" : oui, sans fioritures et longue stratégie épuisante de drague. Les hétéros nous l'envient souvent.

Anonyme a dit…

Je confirme, Lancelot, je confirme... :)

Anonyme a dit…

Shakti a raison, c'est quoi ce bouc ?
On te prendrait presque pour un légionnaire :)

Anonyme a dit…

Tu n'aurais pas été en retard si tu avais pris ta douche chez ce jeune homme brun au lieu de chez toi. :-)

Anonyme a dit…

...me suis arrêté à l'avertissement...bin oui , ne suis une petite âme sensible!
Qui qui ricanne?? ..pfff!!

Anonyme a dit…

je confirme, j'y reviens, l'endroit est beau et les rencontres relativement faciles !

JaHoVil a dit…

C'est bien les cages ouvertes, très bien.
Et puis, ça change des journées harassantes de travail.
;-)
B, J.

Calyste a dit…

Oui, je me suis lancé. Un peu d'appréhension en pensant aux réactions des uns et des autres. Mais, comme me le disait justement Lancelot, c'est moi aussi. Pourquoi donner de moi un portrait falsifié ou, en tout cas, incomplet?
Merci pour les commentaires de chacun, même si certains demanderaient des réponses plus précises.
Et à bientôt pour de nouvelles aventures! :-))