Il y a des jours où l'on n'a presque rien à dire, d'autres où les notations affluent, serrées comme la grêle en mars. C'est le cas ce soir. Entre une bonne journée dehors avec J., une soirée entre amis autour d'un excellent repas, et une scène matinale touchante, par quoi vais-je commencer?
Par le plus rapidement évocable. La scène date de ce matin. J'ai dormi chez Kikou, à la campagne. Couché tard, j'ai émergé vers 9 heures, pris avec elle mon petit déjeuner et fait comme les autres fois un petit tour du propriétaire. Cette fois-ci étaient là aussi son mari et son fils cadet, malade du sida et en trithérapie depuis de nombreuses années. Après quelques déboires quant à l'heure et au lieu de rendez-vous, nous avons fini par nous retrouver hier soir devant mon immeuble pour que je le redescende dans la vallée du Rhône. J'ai d'ailleurs, alors que je le craignais vraiment, beaucoup apprécié ce voyage avec lui, qui pourtant d'ordinaire n'est pas très loquace: il m'a parlé de lui, de ses rapports avec sa mère et son beau-père, de sa maladie, de sa vie.
Ce matin, j'ai pris Kikou par le bras et nous avons marché un peu dans les vignes rousses. Son fils regardait une vieille maison de pierres au fond du jardin, heureux du soleil du matin. Ce squelette debout appréciait la caresse chaude. Georges, le mari, était juché sur un escabeau pour tenter d'attraper sur le figuier de la voisine les fruits qu'elle ne ramasse plus depuis les nombreuses années où elle ne vient plus à la campagne.
Cette scène familiale m'a touché et je n'arrive pas à la rendre touchante par les mots. J'ai l'impression que les miens pèsent des tonnes. Je voyais une famille dont deux des trois membres sont gravement malades qui goûtait pourtant les plaisirs simples de la vie: sentir la chaleur du soleil sur sa peau, se réjouir à l'évocation des futures confitures et regarder par transparence les veines rouges d'une feuille de vigne sur un cep isolé.
dimanche 19 octobre 2008
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3 commentaires:
L'école de la vie.
Très content que tu aies eu de si belles rencontres.
Bises, J.
"Cette scène familiale m'a touché et je n'arrive pas à la rendre touchante par les mots. J'ai l'impression que les miens pèsent des tonnes."
Mais non... Tes phrases sont légères, même quand tu crois ne pas l'être toi-même...
Si on pouvait sans cesse traduire, de façon irréprochable, par le biais des mots, l'émotion, l'alchimie, la magie et la douleur de la vie, on passerait notre temps à écrire, tu ne crois pas...?
Faire face à sa propre impuissance, et l'admettre avec humilité, c'est aussi un exercice auquel il faut se colleter au quotidien...
Et je t'assure que je ne parle pas de toi en ce moment.
Oui, deux beaux jours, J. Je les ai vécus pleinement, sans retrait pour une fois!
Tu es gentil, Lancelot, mais j'aurais aimé faire mieux, rendre palpable la tendresse que j'ai ressentie ce matin pour ces trois êtres au jardin. A défaut, je l'ai vécue, moi.
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