J'avais dit que je n'irais pas assister à cette mascarade. Je voulais lui écrire longuement, une lettre de grande amitié et de reconnaissance. Et puis, j'ai réfléchi. Mon absence aurait sans doute soulever plus de questions que je n'aurais voulu. Alors je me suis rendu ce soir au pot de départ de Gilles.
Gilles, c'est un collègue qui gérait le niveau de quatrième et organisait les innovations pédagogiques dans notre collège depuis plusieurs années. Un passionné de sociologie et d'art (il peint lui même). Un type rare, à l'intelligence vive et à l'amitié chaleureuse, avec qui je me suis entraîné et j'ai couru le semi marathon de Lyon il y a quelques temps.
Avec le changement de direction générale, sa tête dépassait un peu trop. On lui a fait clairement comprendre qu'il n'avait plus sa place parmi nous. Il a réussi à négocier son départ et j'en suis heureux pour lui. Mais il va me manquer, terriblement, pour les trimestres qu'il me reste à faire.
Ainsi, ils étaient tous là, ce soir, les bien pensants, les hypocrites, à faire son panégyrique comme s'ils regrettaient son départ. Lui même a parlé. Il voulait être saignant. Il s'est censuré. C'est dommage. Je n'oublierai pas la fin de son discours, consacré à dire son amour du flou, de la marge,de l'imagination, de l'humanité diverse, à l'opposé de ceux qui voudraient que nous nous ressemblions tous, si possible à leur image.
Je viens de perdre un de ceux qui me faisaient encore espérer que tout était possible.
jeudi 15 mars 2012
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3 commentaires:
Je n'arrive pas à comprendre comment un enseignant peut partir en cours d'année ? Ou alors il s'en va enseigner ailleurs qu'à l'école ?
Dommage en effet que l'on se débarrasse de gens qui sortent de l'ordinaire et font avancer les choses.
Crois-tu que, dans la durée, le "système" va gagner?
Si Gilles est tel que tu le décrit, il a pu faire germer cet amour du flou et de la différence chez ses élèves. Et aller continuer à planter la "mauvaise" graine de la liberté ailleurs.
Courage, il ne reste plus beaucoup de mois avant la quille!
Cornus: ce n'est pas un enseignant, mais un personnel interne, payé par l'école.
Jérôme: j'espère bien que la graine germera, ici ou ailleurs. Pour moi, comme tu le dis, le peu qui me reste à fréquenter les lieux m'ôte le courage de vraiment m'investir dans la "résistance", en tout cas la résistance ouverte!
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