La Complainte Rutebeuf
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Rutebeuf (1230-1285)
dimanche 4 mars 2012
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7 commentaires:
impossible de lire ça sans entendre Léo Ferré, Jacques Douai, Joan Baez...
Même remarque !
Il naît à un moment où les grandes cathédrale du royaume de France sont commencées depuis deux ou trois décennies, voire viennent d'être commencées, si bien qu'on peut raisonablement penser qu'adulte il les a vues bien avancées et blanches-neuves. Cette idée me trouble.
Victor Hugo avait demandé que l'on ne mette pas de musique sur ses vers! Avait-il raison? On pourra me dire que si la musique peut amener des lecteurs à la poésie c'est une bonne chose... Peut-être..Mais Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, Lamartine, Musset, Nerval... sont rétifs à la mise en musique. Aragon est l'exception. Au bout du compte il est plus connu comme parolier que comme poète... Est-ce souhaitable? Ca c'est pour me faire taper sur les doigts... ;)
Quant à Rutebeuf, passée la première strophe, la musique devient moins évidente et on peut y mettre notre musique personnelle, intime. N'est-ce pas le but ultime de la poésie.
j'ai cru un instant qu'Anne Vanderlove avait aussi enregistré cette chanson ... Mais non. "Ballade en novembre" parle de tout autre chose. Ma grande soeur écoutait cette mélodie en boucle. Souvenir, souvenirs ...
(Anna)
Oui...
Pas la peine d'avoir écrit vingt romans, cent essais, cinquante mille vers. Il suffit, pour être un génie, d'avoir écrit une fois "ce qu'il faut comme il faut quand il faut".
j'exagère ? à peine...
P.P: et sans entendre cette langue, dont j'aiici choisi la traduction modernisée.
La Plume: même réponse !
Karagar: ouui, il m'arrive souvent, pour lui et Villon, de penser à ça, de tenter d'entendre tout ça dans son contexte. Mais, hélas, je connais assez peu cette époque. Moi, c'est un peu avant, du côté de l'Italie.
Charlus: l'un se fait-il au détriment de l'autre ? Je n'en suis pas sûr. J'ai des élèves qui ne connaissent La Ballade des dames du temps jadis que parce qu'ils l'ont chanté en cours de musique. Une porte ouverte, c'est toujours bon à pousser.
Anna: Je crois bien avoir déjà posté cette ballade de Vanderlove, que j'aime aussi beaucoup.
P.P: il paraît que le seul vers de Néron que l'on a retrouvé est sublime.
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