Je m’endors sur la table, je me réveille un peu avant l’aube.
Je dois recommencer à m’habituer aux journées, la bouche fermée.
Je prends le livre ouvert à la pliure, je me remets à son rythme, à la respiration d’un autre qui raconte. Si moi aussi je suis un autre, c’est parce que les livres, plus que les années et les voyages, changent les hommes.
Après bien des pages on finit par apprendre une variante, un geste différent que celui commis et cru inévitable.
Je me détache de ce que je suis quand j’apprends à traiter la même vie d’une autre façon.
Je me rase dans une faible lumière, le visage mouillé, et le rasoir essaie de passer sur la peau dans un autre sens.
Je mets le livre dans la poche intérieure de ma veste, je l’appuie contre ma poitrine. Dans l’ancien emplacement de l’arme il y a maintenant le tout autre.
Erri de Luca, Tre Cavalli. Excipit. Ed. Gallimard. Trad. de danièle Valin.
vendredi 2 mars 2012
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