Un oral avec des cinquièmes, ça n'était pas gagné au départ. Surtout qu'il fallait qu'ils se mettent dans la peau d'un guide du Musée des Missions africaines et qu'ils présentent aux autres un objet précis dans une vitrine donnée: soit bracelet de cheville, soit tambour anthropomorphe, soit plateau divinatoire, masque de mendiant ou de justice, porte de grenier sculptée, etc.
Certains n'ont pas fait grand chose, bien sûr. Mais d'autres avaient préparé leur intervention avec soin, allant même jusqu'à approfondir par des recherches personnelles les notes qu'ils avaient prises lors de la visite commune. Nous avons eu droit aux tics de langage habituels: les "heu" ponctuant les phrases, les "bin" les commençant, mais qui, même parmi les adultes, est capable de parler cinq minutes sans les employer?
Certains lisaient leur papier, d'autres au contraire s'en détachaient volontairement, au risque de se trouver courts à un moment ou à un autre. Quelques-uns, les plus timides, se lançaient dans l'expérience comme on se jette dans une piscine sans savoir nager et ce sont ceux-là qui m'ont le plus touché. J'imaginais l'effort consenti, la force de la violence qu'ils s'imposaient pendant leur présentation. Je la comprenais bien: je suis un ancien timide.
Bon binôme avec une jeune professeur d'histoire/géographie qui, bien que quasi débutante, a, elle aussi, parfaitement joué le jeu. Trois heures à voir défiler ces pré adolescents ne sachant bien souvent que faire de leur corps, bras trop longs, jambes en perpétuel mouvement, sueur dans le cou et sur le front, mains que l'on ne sait où positionner. C'en était presque drôle par moment.
Pour ma part, j'étais un peu réservé à priori sur le résultat de l'expérience. Mais il faut bien un jour ou l'autre leur apprendre à intervenir en public et j'avoue qu'ils s'en sont plutôt bien sortis dans l'ensemble. Un seule sur environ soixante-dix a récité des phrases visiblement copiées sur Internet et n'a pas pu répondre à mes questions perfides quand je lui ai demandé de m'expliquer avec des mots simples, des mots de son âge, ce qu'elle venait de dire.
Alors, pour moi, expérience réussie.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
9 commentaires:
Bravo bravo bravo !
Bin...euh...pas moyen d'être tranquille à rêvasser au fond de la classe!! encore un billet qui va me faire faire des cauchemars!
La Plume: c'est du combientième degré, ton commentaire? On ne serait pas en train de se moquer, par hasard?
Piergil: Rêvasser? Tu n'y penses pas! Moi, en général, ce sont ceux qui s'y installent que j'interroge les premiers! Et quand, pour échapper, ils se mettent devant, je trouve ça louche et je les interroge tout de même. Non mais, qui est-ce qui commande ici?!
Questions perfides, certainement, mais nécessaires. Les phrases n'étaient peut-être pas copiées sur Internet. Je me souviens d'un professeur de français qui avait dit à mon fils : "Tu diras à ta maman que je lui mets 9 sur 10".
Bon dimanche cher Calyste.
Oh Calyste, Comme si je pouvais être moqueuse ! Non c'était sérieux (quoique sybillin par la brièveté je le reconnais). Je me souvenais des premiers oraux de Fils, des petits exposés aussi, dès la 5ème. Ils furent assez réguliers et le fait est que l'expression orale en public n'a jamais été un problème pour la majorité de ces enfants-là. Et je pensais à mes propres terreurs avant les oraux. Mais pas une seule fois dans toutes mes années de collège-lycée on ne nous avait demandé d'ouvrir la bouche pour exposer qqch. On nous intimait plutôt de la fermer ! Je me demande si le choix de "faire la prof" ensuite n'a pas été une thérapie !
Même avis que Laplumequivole. Moi non plus, il a fallu attendre après le bac pour pouvoir véritablement commencer à s'exprimer en public de façon construite. Pourtant timide, je suis rentré directement dans le grand bain avec un certain bonheur. Pourquoi, parce que pour la première fois, les enseignants nous avaient demandé de faire une présentation sur un sujet que l'on connaissait bien (plus facile de se concentrer sur la forme, l'expression, sur la maîtrise de l'espace quand on connaît le sujet). Pour moi, cela avait été très encourageant. Toutes les soutenances qui ont suivi ont été des réussies. J'étais même devenu un porte-parole, le monde presque à l'envers. Et puis j'ai donné des cours... Une chose reste sûre, il faut maîtriser son sujet.
Je me souviens d'un soutenance d'une de mes collègue bac+4 au cours de laquelle elle avait récité son texte pendant 40 minutes. Une sacrée performance, mais c'était absolument affreux, ce n'était pas elle et cela rendait son exposé insupportable et en définitive pas facile à comprendre. C'était son moyen à elle de lutter contre sa timidité, mais ce fut un fiasco sur toute la ligne et elle avait fini en larmes. J'en avais conclu que j'avais beaucoup de chance.
Anna: alors un parent qui avait des connaissances très approfondies sur le sujet. Ce qui ne court plus les rues maintenant: la plupart des parents de collège ont entre trente et quarante et me semblent souvent d'une ignorance crasse!
La Plume: mais sais-tu qu'il m'arrive aussi de leur dire de la fermer! Enfin, j'y mets plus de formes, sinon j'ai droit à voir rappliquer les parents!
Cornus: je disais que je suis un ancien timide. En fait, personne ne le croit mais je le suis encore. Or, le moment pénible est avant la prise de parole. Ensuite, une fois que je suis dans le sujet, j'oublie totalement que j'ai devant moi des personnes qui m'écoutent et je suis très à l'aise. Mais après, je suis lessivé, ce qui prouve bien qu'il y a eu une certaine tension nerveuse.
Moi ce dont j'ai horreur, c'est de prendre la parole en public devant des gens que je ne connais pas. Voilà pourquoi j'ABHORRE le début de toute année scolaire. Au bout de trois jours, tout va bien. Mais avant, c'est affreux.
Et d'ailleurs cette répulsion ne se limite pas aux classes : je suis INCAPABLE de faire un discours (improvisé en tout cas), lors d'une réunion, familiale, professionnelle ou autre. Incapable. Je me cacherais plutôt sous la table ! Ce n'est pas une question de timidité, je pense. Ca va chercher bien plus loin.
Lancelot: pour moi, les 2 premières minutes sont intolérables. Après, je me prends au jeu (et essaie en général de séduire).
Enregistrer un commentaire