mercredi 16 décembre 2009

Traitrise

Je pense que celui qui a inventé les blagues dans les papillotes l'a fait pour que l'on mange davantage de ces petits morceaux de chocolat.

Non pas que ces histoires soient à ce point hilarantes que l'on veuille à tout prix connaître toutes celles du paquet (et quand le vin est tiré, c'est à dire en l'occurrence les papiers dépliés, il faut le boire!). On peut, dès l'âge de dix ans, il me semble, résister assez facilement à cette pulsion, d'autant plus qu'elles reviennent identiques d'une papillote à l'autre, d'un paquet à l'autre et d'une année sur l'autre.

En fait, je pense que le but est de détourner l'attention. Quand on a déplié le papier doré et mis dans sa bouche le malakof ou la truffe au chocolat noir (ce sont là mes deux préférés), on a beau savoir que c'est nul, on ne peut s'empêcher pour le lire de défroisser l'autre papier, celui sur lequel est inscrit l'aphorisme ou le jeu de mots. Et pendant qu'on lit et que l'on se trouve stupide d'avoir lu, on ne pense pas au plaisir que l'on était venu rechercher dans cette friandise, on la mâche, on l'avale sans y prendre garde, sans en retirer tous les sucs, sans en goûter vraiment tous les parfums. Quand on revient à la réalité R du moment M, il est trop tard: il ne reste du plaisir que quelques traces sur les dents un peu retirées du fond, là où la langue explore moins facilement.

Alors, que fait-on quand on se sent frustré? On en reprend une autre, en veillant à ne pas se faire avoir une deuxième fois, en froissant emballage et écriture que l'on jette sur la table, que l'on tente d'oublier, de ne pas regarder ...et qu'en général, on reprend quelques secondes plus tard pour, tout de même, vérifier si, par hasard, cette fois-ci, exceptionnellement, le message n'est pas plus relevé. Estimons-nous encore bien heureux si le plaisir goûté dans l'ingestion du deuxième chocolat n'a pas éveillé en nous le désir d'en prolonger la jouissance en en enfournant un troisième. Enfin là, je parle pour moi....

6 commentaires:

Quenelle de Bresse a dit…

Ah tu trouves ?
Pour ma part, j'évite de les lire, je les froisse direct parce que, précisément, ça me gâche mon chocolat :)

Calyste a dit…

Moi aussi: il est tellement gâché que j'en prends un autre!!!

Cornus a dit…

C'est fou, ce que tu décris là, c'est exactement comme ça que je le vivais. J'ai l'impression qu'avant, il y avait plus de diversité dans les blagues.

Lancelot a dit…

Il existe (existait ?) aussi des papillotes contenant des pétards. J'adorais ça quand j'étais gamin. Alors le but là c'est quoi ? Faire sursauter et provoquer un haut le coeur ? Ca ne m'empêchait pas d'en engloutir des dizaines, à l'époque....

Mon drame, aujourd'hui, c'est surtout de ne pas savoir ce qui se cache sous le chocolat. Je raffole de ceux fourrés à la pâte d'amandes ou à la pâte de fruits, mais je déteste les pralines. Hélas, quand on a mordu dedans, recracher, c'est pas joli ni poli...

Calyste a dit…

Oui, les pétards! Je fermais toujours les yeux avant de tirer sur les languettes!

Tonnelle de Brest a dit…

Ah ouais, tu tirais sur les languettes en fermant les yeux?
Pffff... Tout fout l'camp!

Tonnelle de Brest