samedi 5 décembre 2009

Fête des Lumières

Ce soir à Lyon commence la grande fête, ou le grand bazar comme on veut. Elle (il) va durer jusqu'à mardi soir, le 8 décembre, date effective de l'événement. Peu de gens maintenant connaissent l'origine de cette tradition à la fois religieuse et populaire. Le jeune Romain, rencontré le 1er sur la place des Terreaux, savait que la ville s'illuminait à cette époque mais ignorait totalement la signification de cette manifestation.

D'ailleurs y a-t-il encore réellement une signification à tout cela? Au fil des ans, on voit la ville se parer d'atours de plus en plus brillants et réellement de toute beauté, on voit les rues, les hôtels, les restaurants se remplir de touristes français ou étrangers de plus en plus nombreux. A titre d'exemple, la place des Terreaux justement, l'an dernier, a reçu pour sa mise en lumière plus d'un million de visiteurs, cela en trois ou quatre jours.

J'habite à un peu plus d'un quart d'heure à pied, en marchant d'un bon pas, de la place Bellecour. Pas à la périphérie donc mais pas non plus en plein centre. Eh bien, ce soir, je ne toucherai pas à ma voiture car le surplus de véhicules à stationner pendant ces soirées de fin de semaine remonte jusque sous mes fenêtres. J'ai fait l'expérience il y a trois ou quatre ans, je sais de quoi je parle. Impossible d'espérer se garer à partir de la fin d'après-midi.

Grand succès donc que cette fête des lumières, et tant mieux pour la ville qui doit ainsi récolter quelque argent dans ses coffres. Mais je constate aussi d'année en année la disparition, la raréfaction, sur le bord des fenêtres, des lumignons que traditionnellement les lyonnais autrefois allumaient dès la tombée de la nuit en hommage à la Vierge. La ville alors n'avait d'illuminations que ces petites bougies blanches ou colorées qui s'alignaient sagement le long des façades et frissonnaient au vent, fragiles signes de joie dans ce temps souvent bien triste de novembre.

Mardi soir, je mettrai mes lumignons sur toutes mes fenêtres, comme chaque année depuis bien longtemps, et je sortirai sans doute pour descendre Gambetta jusqu'au Rhône et voir si la tradition se perpétue encore ou si, décidément, c'est la fête commerciale( au demeurant magnifique, je le répète) qui l'emporte. J'aime ce rite annuel de l'allumage des lumignons. On se brûle toujours un peu les doigts, on sait que le lendemain, il faudra gratter les fonds remplis de cire fondue qu'il est parfois difficile de décoller même en ayant pris la veille la précaution de mettre un peu d'eau au fond du verre.

On transporte le plateau chargé de cinq ou six lumières devant chaque fenêtre, en le tenant presque aussi gravement que si l'on tenait un ostensoir, on les place sur le rebord, à intervalles réguliers, pas trop près du bord pour éviter qu'ils ne tombent ou que le vent les éteigne trop vite, pas trop loin non plus car, trop en retrait, on ne les voit plus de la rue. J'en mettrai aussi sur la cour, juste pour moi, pour les voisins, pour ceux qui vivent là et auront plaisir à les voir même s'ils ne prennent pas la peine d'en installer eux-mêmes.

Et, comme chaque année, une fois la fenêtre refermée, je resterai un instant derrière la vitre à observer ces fragiles lueurs, à les regarder illuminer le rebord de pierre et en faire ressortir les irrégularités, comme celles du bois des montants et de la croisée. Je m'absorberai quelques secondes dans la contemplation des petites flammes vacillantes, avec un peu les yeux d'un enfant devant le sapin de Noël, je regarderai, dans l'immeuble d'en face, tel ou tel locataire installer les siennes en se penchant un peu pour apercevoir les façades de la rue en enfilade. Et puis, bien vite, j'enfilerai ma veste de velours, je passerai une écharpe de laine autour de mon cou et je sortirai dans les rues pour un moment, pour une soirée. Je sais d'avance la moisson de photos que j'en rapporterai.

11 commentaires:

D. Hasselmann a dit…

La flamme d'une chandelle, comme dirait Bachelard, ainsi multipliée, et faisant rêver à l'infini : c'est rassurant de voir que tout n'est pas encore définitivement électrique !

Nicolas a dit…

J'attends avec impatience ton compte rendu comme je ne compte que faire un soir. Allez, au travail grand frère !

Nicolas a dit…

J'attends avec impatience ton compte rendu comme je ne compte que faire un soir. Allez, au travail grand frère !

karagar a dit…

J'ai été très sensible à l'évocation de la fragilité de la chandelle face au vent. Je ne sais pourquoi mais c'est une image qui me viens souvent en tête.

piergil a dit…

Moi zossi!!....mais ..c'est pô vraiment une image ....et c'est pô dans le tête! :-))

La Discrète a dit…

Etudiante, j'habitais juste derrière les quais du Rhône non loin du pont Pasteur.
J'ai des souvenirs merveilleux des illuminations de cette époque (il y a 30 ans) où toute la ville s'éteignait ne pour laisser la place qu'aux petites lueurs vacillantes des fenêtres, comme vous le décrivez si bien !

restaurant a lyon a dit…

Merci pour ce très beau texte. Il m'a transporté, autant que les festivités de cette année.

Cornus a dit…

Quand j'habitais chez mes parents (à 35 km de Lyon), on mettait des bougies dans des verres blancs ou colorés sur les fenêtres ou sur le balcon. Tous les voisins faisaient de même. Ma mère continue de perpétuer cette tradition. Je ne suis pas croyant ni marchand de parafine, mais je trouve dommage et triste que ce geste s'éteigne et surtout que le 8 décembre soit devenu un "commerce" à Lyon.

Cela me donne envie demain soir, depuis mon septentrion, de faire bruler quelques bougies (il faut dire que j'ai de quoi, dont certaines choses très peu avouables).

Merci pour cette évocation qui m'a touché.

Calyste a dit…

Petite flamme mais grand espoir. Et puis, souvenez-vous, Le Chêne et le Roseau"...
Merci à tous.

Nicolas: c'est fait!

Elton John a dit…

"Like a candle in the wind !!!"

Pour 'le Chêne et le Roseau', je préfère, et de très loin, la version d'Anouilh... pas toi...?

Calyste a dit…

Je ne connais pas la version Anouilh, Lancelot. J'en rougis certes mais je ne connais pas. C'est une autre version de la fable?