samedi 19 décembre 2009

Messe blanche

Ce matin, à Francheville. Retrouver la jésuitière, où je ne suis pas allé depuis plus de vingt ans. Se repérer malgré la neige, abondante dans la campagne. Marie-Claire m'avait récupéré Place Jean Macé, elle aussi bien enneigée. Il faisait chaud dans sa voiture. Le voyage prétexte à une longue discussion. Son calme me fait du bien. Nous avons en commun les derniers moments conscients de Kicou. Ça, nous ne l'oublierons pas. Nous étions en retard, un petit quart-d'heure. Pas grave: le trajet lui-même était aussi une messe pour Kicou, quelque chose qu'elle aurait apprécié.

L'assistance réunie dans l'oratoire des Jésuites. Pour la plupart, je les connaissais, famille ou anciens collègues qui n'en finissent pas de blanchir. Au-delà des particularités de chacun, des histoires vécues en commun, des antagonismes plus ou moins apaisés, impression de grande sérénité, comme dans un cocon familial apaisant. Est-ce cela, être croyant? Appartenir à une famille, malgré tout? Pour la première fois ce matin d'une manière aussi consciente, je n'ai pas rejeté cette idée.

Revu aussi Françoise qui n'a jamais autant travaillé que depuis qu'elle est en retraite. Beau visage de presque vieille dame avec toujours le même regard pétillant d'intelligence vive. J'aime la façon dont elle serre dans ses bras celui qui arrive, chaleureuse sans accaparer. En nous voyant avec Marie-Claire, elle nous a dit: "Quelle équipe nous faisions!" Je n'avais jamais remarqué au collège combien sa foi l'illumine. C'est Kicou qui m'a mis sur la voie. Je la reverrai sans doute, pour parler de tout ça.

Contraste entre la chaleur du soleil le jour de l'enterrement et la froidure du vent aujourd'hui. Mais Kicou, où était-elle à ce moment-là? Je n'ai que peu pensé à elle. Plutôt observé Marie-Claire qui renouait avec son ancien milieu de travail dont elle avait été expulsée salement il y a quinze ans. Elle était prête: rancœur apaisée et émotion plus aisée à contenir maintenant. Elle a réussi: elle est repartie heureuse en ayant aussi montré à tous qu'elle s'était réalisée. Cela lui tenait à cœur. Nous avons ensuite grignoté chez moi, comme deux vieux amis.

4 commentaires:

KarregWenn a dit…

Ouh la, "jésuitière"...ça fait frémir ce nom ! Beaucoup moins apaisant que le reste de ta note...

Calyste a dit…

Non, plus aujourd'hui. Ils sont accueillants et très bons vivants, pour la plupart.

Lancelot a dit…

"Elle serT" dans ses bras ou elle serRE' ? Si le lapsus est involontaire, c'est absolument génial !

Calyste a dit…

Non, lapsus calami, pour rester dans la latinité. Mais assez parlant, c'est vrai.