Je suis toujours étonné, et pour tout dire assez content, de voir les nombreuses réactions que ne manque pas de susciter un billet sur le fait religieux. Celui que j'ai écrit hier en est encore une belle illustration. Cependant, je me dois ce soir d'apporter quelques précisions supplémentaires car, hormis Karregwenn qui semble avoir perçu l'esprit de mon écrit, j'ai l'impression pour les autres de ne pas avoir été suffisamment clair, ce que d'ailleurs je ressentais moi-même dès la dernière phrase hier soir. Quelques éclaircissements donc que je vais tenter de présenter du moins important pour moi à celui qui me tient le plus à cœur:
- Le 8 décembre est la fête de l'Immaculée Conception. Ce dogme de l'église catholique est assez tardif puisqu'il date de 1854. Il institutionnalise le fait que Marie fut, dès sa naissance, exempte de la souillure du péché originel. Il n'a donc rien à voir avec la virginité de Marie lors de la naissance du Christ.
- Je n'écris pas pour rallumer de quelque façon que ce soit la querelle, pour moi stérile, entre croyants et incroyants. Je n'ai jamais imposé à qui que ce soit mes convictions (qui, d'ailleurs, ont parfois du mal à s'imposer à moi, tant j'ai besoin de doute et de réflexion pour avancer sur mon chemin) et je supporte très mal les certitudes des uns et des autres, d'autant plus si elles s'accompagnent de sarcasmes et de mépris. Ce ne fut pas le cas dans les commentaires au billet d'hier mais je tenais tout de même à le préciser. Chaque homme a le droit de prendre la route qu'il désire pour accomplir sa vie, même si cette route parait un mirage pour celui qui chemine à côté de lui.
- Mon propos d'hier n'était en aucune façon d'aborder la question de la virginité de Marie. Pour tout vous dire, je m'en moque éperdument. Ma foi, ou plutôt ce en quoi je crois (mais je ne sais pas s'il s'agit de foi), n'a que faire de cela. Je ne me plaçais pas sur le plan du religieux mais plutôt de l'humain et particulièrement du philosophique et je crois que catholique ou protestant, athée, agnostique ou croyant, ou qui que l'on soit et quelles que soient nos lumières de vie, tous nous pouvons débattre calmement sur ce plan là.
En fait, deux points m'intéressaient:
- le premier, c'est la réaction de cette enfant devant l'immensité de ce qui lui est annoncé. Une fois la parole entendue et comprise, comment continuer à vivre, poursuivre la litanie des jours en voyant son ventre s'arrondir sans, peut-être, avoir bien compris la portée du message reçu? Je pense à l'annonce de la mort d'un proche, d'un très proche: j'ai appris celle de Pierre, que j'avais quitté depuis une heure, devant le supermarché où je venais de faire quelques courses parce qu'il faut bien continuer à se nourrir. Mais je suis incapable, encore aujourd'hui d'analyser (ou je ne le veux pas) ma réaction de ce moment-là où, pour moi, la vie basculait. Le message à Marie était, lui, un message de vie mais l'enfant qu'elle était dut, en un instant, accepter la mort d'une grande part d'elle-même jusqu'à ce jour.
- le deuxième point qui m'intéressait, qui m'a toujours intéressé et que je n'arrive pas à cerner de façon très clair, pas plus le fait lui-même que ce pour quoi il m'intéresse, c'est l'instant ténu d'avant le basculement. Instant qui n'appartient plus au passé mais qui n'est pas encore de l'avenir. J'ai pris comme exemple la scène de l'Annonciation parce qu'elle me semble connue de tous mais des moments comme celui-ci, chacun de nous en vit plusieurs dans sa vie, moment ou l'on peut dire oui ou non, accepter son destin ou lui tourner le dos, moment où les lèvres s'entrouvrent pour prononcer les mots définitifs mais où ces mots ne sont pas encore dits. J'ai écrit hier moment figé mais fort de mouvements futurs, on pourrait dire mouvement dynamique de contemplation. Encore une fois ce soir, je ne suis pas très clair. Je pense aussi à la prise d'une photo, au moment où l'on va appuyer sur le bouton, où le mouvement qui vit devant l'objectif va se figer, se mémoriser dans un seul de ses aspects dans l'appareil, alors que l'homme ou la femme en mouvement finira sa marche, sa danse, son sourire et s'en ira, sans parfois savoir qu'on lui a pris un instant de son geste. Le choix du photographe est approchant de ce que je ressens: il peut immobiliser définitivement ce geste, l'immortaliser pour certains, ou bien décider de le laisser fuir, satisfait de l'avoir remarqué pour lui seul. Je crois qu'il faudra, la prochaine fois que je reviendrai sur ce sujet, que je dissocie deux aspects de la question: d'une part le basculement et son rapport avec la vie et la mort, et d'autre part la réflexion sur le choix qui mène à ce basculement. Peut-être alors parviendrai-je à être plus clair.
Voilà donc ce qu'il me semblait important de rajouter ce soir afin de ne pas retrouver des gens que j'aime sur des chemins de traverse sans issue. Merci à tous, pour finir, de l'intérêt que vous avez porté à ces quelques lignes d'hier: je ne répondrai exceptionnellement pas individuellement à tous les commentaires mais je les apprécie, quelle que soit leur "religion"!
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4 commentaires:
Parce que "aimer" est l'anagramme de Marie...
Oceania > En français !
le jesus de la foi, reconnu comme Dieu ne pouvait que se dire humainement dans un engendrement divin... c'est une question de logique..
En acceptant son destin, Marie a fait passer le monde de l'Antiquité ( - JC) aux temps modernes (+ JC) . Si Eve fut symboliquement la mère préhistorique, Marie est symboliquement, la mère historique.
Merci pour cette lecture de l'Annonciation.
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