( Écrit le vendredi 10 juillet)
Je viens de terminer le septième épisode des fameuses Chroniques de San Francisco. Cette lecture m'a ramené de nombreuses années en arrière lorsque, l'été, dans le Chablais, j'attendais avec impatience la publication en poche de tel ou tel épisode précédent. Il fallait alors commander à la librairie du village. C'était toujours un moment de plaisir car la libraire était une jeune femme agréable et cultivée, une vraie libraire avec qui il faisait bon bavarder un instant. Je ne sais pas comment elle s'arrangeait mais elle avait en général le livre demandé dans les trois ou quatre jours suivants la commande. Ainsi les Chroniques m'ont-elles occupé de longs moments de sieste dans la maison fraîche. J'aimais la légèreté de ces romans: si l'intrigue à demi policière qui en sous-tendait la plupart n'était pas toujours très excitante, en revanche j'appréciais beaucoup les nombreux dialogues. Je m'étais aussi fait une image à moi du personnage principal, Mouse, surnom de Michael, et ai refusé de le reconnaître, des années après, lorsque par hasard, j'ai vu, sur une des nombreuses chaînes du câble ou de la parabole, un épisode du feuilleton américain qui avait été tourné sur le sujet.
Que penser aujourd'hui de cette septième livraison? Apprendre sa publication n'a pas soulevé chez moi un enthousiasme débordant: San Francisco et ses chroniques appartenaient à mon passé, à une vie totalement disparue et que je ne tenais pas à ressusciter. Pourtant, je n'ai pas hésité à l'acheter. Il a traîné quelques semaines près de mon lit, un peu par superstition, et puis je m'y suis mis. Je voulais lire quelque chose de léger après avoir abandonné la lecture de La Vie en sourdine, de David Lodge, roman particulièrement bavard et inintéressant. (Je ne comprends pas, à ce jour, l'enthousiasme qu'il suscite chez de nombreux lecteurs). Retrouver ainsi, une vingtaine d'années plus tard dans le roman, les personnages de Mouse, de Brian, d'Anna Madrigal puis de Shawna et de Mary Ann m'a touché: je remettais les pieds dans un univers familier, comme si j'avais des nouvelles d'anciens amis un peu perdus de vue mais toujours chers. Pas d'intrigue policière, ce qui me réjouit. Dans cet épisode, on est plus grave, bien sûr, on parle davantage de la vieillesse, de la maladie, de la mort. On y parle aussi beaucoup de l'amour et de l'intelligence, de l'amour intelligent, celui qui sait distinguer l'essentiel des possibles détours circonstanciels. On y parle des rapports avec la famille génétique et celle que l'on s'est créée au long de sa vie. On y est moins catégorique pour condamner l'un au trop grand profit de l'autre. J'ai aimé ce livre parce qu'il aborde des thèmes graves avec légèreté, parce que son personnage a sensiblement le même âge que moi, a connu les mêmes périodes de condamnation puritaine, de violence hystérique et de pseudo-acceptation par la société, même si l'histoire n'est pas tout à fait la même en France et aux États-Unis. Si le nom de "mari" ne m'emballe pas pour parler de son compagnon, cette réticence n'est que lexicale et je partage totalement la conception du couple qui est exposée ici. Ces grands jeunes gens fougueux des années soixante-dix et quatre vingts se sont beaucoup calmés sans perdre de vue leurs idéaux. C'est ce qui peut aujourd'hui m'arriver de mieux.
jeudi 16 juillet 2009
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4 commentaires:
Je suis content que tu aies aimé ce roman - moi aussi, j'ai eu beaucoup de plaisir à le lire.
Les précédents aussi, Thom, mais celui-ci particulièrement.
Je ne l'ai pas encore lu, mais je le ferai certainement. En ce qui me concerne, j'ai trouvé que les 'Chroniques' commençaient à sérieusement s'essouffler à partir de la quatrième (ou bien était-ce moi...? A l'exception d'une pause entre la 2° et la 3°, j'avais tout lu d'un trait, je n'aurais peut-être pas dû...).
David Lodge : EUH ! J'ai 'la Vie en Sourdine', je ne l'ai pas encore lu. Je me sens coupable de t'avoir fait la pub de David Lodge. Mais il y en a d'autres écrits par lui, qui sont très bons... Je ne désespère pas de te le faire aimer...
D'accord avec toi, mais les retrouver après quelques années de pause, c'est bon!
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