Amédé est parti. Hier à 11h30 du soir, pendant que je revenais du théâtre. Michel m'a appelé ce matin pour me l'apprendre. Il venait lui aussi de savoir la nouvelle.
Paroles stupides, de circonstances, pour consoler l'autre, lui dire que c'est mieux ainsi, pour la souffrance, pour lui, pour nous. S'entendre prononcer des mots, entendre des sons sortir de sa bouche et n'y prendre aucune part, ne pas y adhérer profondément, comme si l'on récitait un rôle qui ne nous convient pas. Pourtant que dire d'autre? On ne peut se taire au téléphone.
A la fin de l'entretien, comme une grande fatigue corporelle, une lassitude des muscles, des épaules surtout qui ne supportent plus le poids des bras. Et peu à peu, au cours des heures, un mal être envahissant, sans douleur pourtant, sans chagrin. C'est autre chose, la tristesse. Le chagrin, la peine, c'est actif: on lutte contre, on s'y enferre, on joue avec, selon son caractère. La tristesse, c'est comme tomber dans un puits sans bouger, sans sentir le mouvement, avoir la pesanteur soudain plus lourde. Une sorte d'anesthésie.
En même temps qu'elle montait, un écœurement de plus en plus insupportable, comme une intoxication alimentaire, à avoir besoin de vomir. Et au lieu de vomir, pleurer, enfin, quelques larmes, au moment de préparer le repas, dans la cuisine, bien sûr, là où il me paraît encore le plus vivant. Quelques larmes qui ont débondé le bouchon, pendant la sieste ensuite où je n'ai pas dormi. Le corps a besoin de ses réactions, il faut le laisser faire. J'ai trop souvent cru en être le maître.
Mon travail scolaire puis un ménage acharné m'a remis d'aplomb. Mais je n'ai pas fini d'épeler le silence.
samedi 31 janvier 2009
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5 commentaires:
Pendant et après tisseront le présent.
Je pense bien à toi, mon ami.
Moi aussi, mon grand.
Laisse parler ton corps.
Je t'embrasse.
Le banal " il ne souffre plus " ou encore " il est délivré "...
Reste les vivants avec leur peine et leurs souvenirs. Chaleureuse pensée pour vous.
Encore une fois, permettez-moi de me taire.
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