vendredi 9 janvier 2009

Momentini.

Fin de semaine. La fatigue s'est accumulée. Un rayon de soleil pourtant cet après-midi. Je suis allé courir. A l'ombre, c'était glacial. J'ai fait un bout de chemin avec Ben, un beur que je connais depuis des années. C'est lui qui m'avait incité à courir. Je lui en suis encore reconnaissant. Nous n'avons pas une amitié suivie mais nous nous voyons chaque fois avec plaisir. Il court lentement. Son calme me convient. Il fait beaucoup de sport: course mais aussi piscine et vélo. Je l'aime bien.

A mon retour, les courbatures se sont réveillées. Le froid sans doute. Ce soir, je ne suis pas bon à grand chose, pour l'instant. Il me faudrait un bon massage, avec de grandes mains douces sur mon dos. Et puis ensuite passer la nuit contre la chaleur du corps d'un autre, se réveiller et sentir cette présence à côté de soi, envahissante et rassurante. Mais ne rêvons pas: rien de semblable en vue pour ce soir! Juste le livre posé tout près et la chaleur de mes draps.

Ma barbe pousse, plus vite que celle de mes vingt ans. Il va très vite falloir que je la taille: je commence effectivement à ressembler à un vieux boucanier. Se pose aussi maintenant la question de la coupe des cheveux. A quelle dimension? Le presque rasé de jusqu'alors semblera trop court pour la barbe que j'ai. Et j'ai tout de même envie de la garder conséquente, cette barbe. Alors? Je demanderai conseil.

Demain, j'achèterai probablement un disque dur d'appoint pour stoker mes photos. Il faut que je m'en occupe. Je n'ai encore que peu fourni mon espace sur Flickr. J'en ai envie mais pas le courage. J. doit venir me tenir la main!

Evelyne est en train sans doute de perdre sa mère de 97 ans. Bel âge certes pour s'en aller, mais elle, malgré tout, n'y est pas préparée. Evelyne, c'est ma plus vieille collègue de français, nous avons fait tant de choses ensemble, réalisé tant de projets, pédagogiques ou amicaux. Je l'ai vu arriver extrêmement triste ce matin. J'ai tout de suite deviné que quelque chose n'allait pas. Elle est partie pour l'Ardèche, pour l'hôpital, sans trop savoir à quoi s'attendre. Elle a même, dans son casier, laissé le travail tout prêt pour lundi, au cas où. Parfois nous nous agaçons mutuellement mais je crois bien que l'on ne pourrait pas être séparés dans le travail. Et la voir désemparée, elle qui veut toujours paraître si forte, m'a profondément touché.

Je n'ai encore répondu à aucun SMS de vœux. J'ai reçu deux cartes. Une d'une amie de fac, habitant la région parisienne, fidèle d'année en année. Lorsque la carte d'Anne-Marie arrivait, Pierre, sans l'ouvrir, m'en énumérait en souriant le contenu, et il ne se trompait jamais: nouvelles de ses enfants, de sa famille, de son travail et vœux pour moi et ceux qui m'entourent. Si j'avais gardé toutes ses cartes, qu'elles choisit toujours très belles, j'aurais sans doute pu vérifier que le texte en a toujours été sensiblement le même, l'âge et les activités des enfants exceptés. On peut en rire, mais cette carte annuelle me manquerait si je ne la recevais pas.

L'autre carte m'a ému à un point que je ne pensais pas. Elle vient d'une ancienne collègue et amie de Pierre, en retraite depuis très longtemps, profondément croyante mais sans prosélytisme aucun. Un texte sobre de quelques lignes, sans recherche particulière mais vrai, si vrai. Colette ne m'a pas oublié. C'est la seule à m'adresser ainsi un petit signe depuis l'autre monde, celui où je vivais avant. Je ne sais si nous fréquenter davantage nous apporterait quelque chose à l'un et l'autre ou au contraire nous ferait chuter dans un quotidien insipide, mais je tiens à cette façon de dire: "Je suis encore là" sans surtout s'imposer dans ma vie.

Comme d'habitude, l'appétit m'est venu en écrivant. Je ne voulais rédiger que quelques lignes, parce que fatigué, parce que sans idée aucune ce soir, et voilà que le clavier s'est remis à cliqueter sous mes doigts bavards. Je crois même que le moral s'est, à travers ces lignes, recalé au beau. Qu'est-ce que je ferais si je n'écrivais pas?

7 commentaires:

JaHoVil a dit…

Avec de si grandes mains, si douces ?
De la pâte à tarte !

J'ai trouvé un disque qui devrait faire l'affaire, il te faudra choisir un point kiala à la hauteur :)))
Bonne nuit, bises, J.

Calyste a dit…

A demain, J.
Bonne nuit à toi aussi.
Bises, R.

Anonyme a dit…

Vous priveriez de nombreuses personnes de la lecture de vos billets.
Créative, joyeuse, mélancolique, triste, humoristique, poignante, authentique, dérivante et réelle, jolie, souvent belle, sensuelle, votre écriture me manquerait infiniment.

Je sais que votre question n'était pas posée dans le sens de ma réponse.
Que faisiez-vous avant d'écrire ?
Avez-vous renoncé à quelque chose pour écrire ? Ou avez-vous quitté la tristesse, la solitude, le non-dit pour dire ?
Pouvez-vous faire autrement ?
Rilke demandait : "Mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ?"

Que feriez-vous si vous n'écriviez pas ?
Aimer quelqu'un de chair.
Vos mots sont déjà amour.

Anonyme a dit…

je souscris totalement à ce que dit Océania. Vos textes sont magiques !

Anonyme a dit…

Sans vouloir répondre à la place de Calyste, je pense, Océania, pouvoir apporter un embryon de réponse : s'il n'écrivait pas, il existerait malgré tout. Nous sommes tous heureux de pouvoir parcourir son blog, de voyager d'émotion en émotion. Les siennes, qu'il sait si bien décrire, semblables au nôtres. Cette empathie qu'il éveille en nous.

Cependant, sa valeur à lui n'a rien à prouver à personne. Elle est grande et surtout intrinsèque. Il n'a ni besoin d'étreindre l'écriture, ni un être de chair, pour exister, en tant qu'homme.

Avec ou sans écriture, avec ou sans amour, Calyste, c'est un mec bien.

Calyste a dit…

Qui me trouve un trou de souris où je puisse disparaître rapidement et cacher ma confusion?

PS: étreindre parfois, Lancelot, ça a du bon!

Anonyme a dit…

Oui Lancelot, l’identification aux émotions...
On ne se sent pas tout seul... on se dit : « Ah, lui aussi... ! »
Je répondais à la question :
« Qu’est-ce que je ferais si je n’écrivais pas ? »
Bien sûr qu’il existerait en mec bien !
Je lis votre réponse comme adressée autant à lui qu’à moi.
L’écriture permet de transcender,
de passer au travers,
de passer à autre chose aussi.
Evoquer de doux et intenses souvenirs
qui se conjuguent au passé antérieur.
Evoquer les souffrances et les joies de l’enfance...
C’est une force et une fragilité de les avoir vécus.
C’est une référence à la sensibilité
qui lave le regard sur toute chose.
C’est un frémissement qu’il nous fait partager,
parce qu’effectivement, il est à fleur de peau
et que ses mots trouvent la faille de nos armures.
Et cela sans qu’il le sache !
Cela se nomme «la grâce »
Ou « amour »
Vous voyez, j’insiste.

Merci Lancelot de votre intervention
qui démontre combien nous l’apprécions tous les deux.
Recevez mes sentiments cordiaux et complices.

Calyste,
Un peu gênée de parler « au-dessus » de vous
en vous appelant « il ».
Ma réponse à Lancelot lui est adressée à travers vous.
Avec des mots qui, en filigranes, portent vos couleurs.
Je l’espère.
Et je les porte haut.
Océania