mercredi 21 janvier 2009

La chancelière.

Un de mes grands plaisirs, et des plus idiots, est de feuilleter les catalogues publicitaires que les grandes surfaces déversent régulièrement dans les boîtes à lettres, particulièrement le lundi, avec l'aide, rémunérée certes, de la Poste.

Je jette d'abord ce qui n'a aucune chance de m'intéresser, par exemple automobiles, pizzas, publicités uniquement sur des produits alimentaires ou envoi sur papier glacé de projets immobiliers ou de placements rentables par l'intermédiaire d'une assurance vie. Arrivés dans mon appartement, les prospectus choisis trouvent immédiatement leur place dans les toilettes: c'est en effet là qu'ils seront feuilletés. Ils peuvent y rester longtemps, sans que je m'en préoccupe. Peu importe, le but n'étant pas de profiter d'éventuelles bonnes affaires, mais de "rêver" sur ces feuilles.

Un jour, j'en ouvre un. Quand j'étais adolescent, ce qui me fascinait, bien sûr, c'étaient les photos d'hommes présentant les collections de slips et sous-vêtements divers. Je les trouvais tous très beaux et très excitants, même si, et c'était toujours le cas, l'image était très pudique. Même les hommes en caleçons longs (surtout?) me troublaient. Aujourd'hui, Dieu merci, j'ai grandi. Je ne dis pas que je n'y jette pas un œil, mais le détour est beaucoup plus rapide et le regard rarement accroché par une silhouette intéressante.

Non, je m'intéresse aux équipements sportifs (un peu pour la même raison, c'est vrai), à l'équipement informatique ou électronique, aux meubles, à presque tout. Le but n'est pas d'acheter mais de rêver dix secondes, comme je l'ai dit. Ou plutôt de laisser mon imagination vagabonder dans les intérieurs reconstitués où le couple idéal passe une vie de rêve sur canapé sans tâches, dans un univers où chaque objet a sa place, unique, même dans un semblant de désordre, et sa couleur, en rapport avec l'effet général recherché. Mon Dieu, comme l'on doit vite se lasser de ces atmosphères pré-digérées. J'imagine, jusqu'à m'en faire peur, leurs soirées, leurs dimanches, leurs rencontres, et je me dis toujours que j'ai bien de la chance d'échapper à cela.

Et tout à l'heure, j'ai eu une joie supplémentaire et nouvelle. En effet, côté vocabulaire, les mots que je ne comprends pas sont nombreux concernant les dernières technologies baptisées de borborygmes anglais. Mais j'ai découvert aujourd'hui un mot français que je ne connaissais pas, en tout cas dans ce sens précis. Savez-vous ce que c'est qu'une chancelière quand il n'est pas question de la dirigeante du territoire transrhénan qui borde nos frontières? Bien sûr, les nouvelles mamans ont plus de chance de trouver puisque l'objet en question concerne les bébés, mais, renseignement pris sur le dictionnaire, il peut aussi, un peu différent, faire le bonheur de personnes plus âgées frileuses. Le Larousse donne la définition suivante: "Sac fourré pour mettre les pieds et les tenir au chaud", en précisant qu'il s'agit d'un sens vieilli. Mais le terme semble avoir été repris pour désigner ces sortes de fourreaux douillets, adaptables aux poussettes, dans lesquels on glisse les tout petits lors de parcours extérieurs.

Voilà qui me contente, puisque j'ai la double joie d'apprendre un nouveau mot et de constater qu'un emploi vieilli de ce mot a retrouvé une seconde jeunesse.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Me fait l'effet d'être mûr pour la maison de retraite car sorti d'Angella ( euh...façon de parler bien entendu!) ne connaissais la chancelière que dans son sens vieilli... n'ai même connu son ancêtre d'avant la fée électricité qu'on remplissait de braises avant d'y poser ses petons gelés de même que sa cousine la bassinoire qui servait à réchauffer les draps(n'ai user d'autres méthodes plus tard!..)
mais dîtes le donc que je vous bassine!! ...et qui c'est qui m'a piqué mon déambulateur? c'est pô drôle!!!

Calyste a dit…

Viens donc prendre ton petit bain de jouvence chez moi, Piergil!