Les passants, ces êtres étranges qui vous ressemblent et ne sont pas vous. Qui sont-ils? Que font-ils dehors à cette heure-là? Vous, oui, votre présence dans les rues se justifie: vous avez à faire, profiter des soldes, prendre quelques photos, remplir le réfrigérateur, acheter des fleurs, rejoindre un ami... Mais eux? Ils sont si nombreux.
Bon! Quelques-uns ont sans doute de bons motifs pour se trouver là où ils sont. Mais les autres, les centaines, les milliers d'autres? Ils ne sont pas tous chômeurs, tout de même. Enlevons du nombre ceux qui n'ont plus d'emploi et ceux qui ont de bonnes raisons: il en reste encore trop. C'est toujours un sujet d'ébahissement pour moi, tous ces mouvements de fourmilière, incessante agitation, les bras chargés de tout et de n'importe quoi.
Je les aime, ces passants inconnus. J'aime les regarder, furtivement ou avec tendresse. Je leur invente parfois des histoires, des sentiments, une généalogie. Celui-ci est gourmand: il ne tient pas un gâteau à la main mais la façon dont il avance la lèvre inférieure comme s'il boudait dit assez ses appétits terrestres. Celle-là vit seule, oubliée, aigrie, peut-être. Ce couple de jeunes gens, amoureux, enlacés: pour combien de temps? Cet ouvrier qui siffle en rangeant son fourgon: on dirait un escargot qui met de l'ordre dans sa coquille.
Parfois la fulgurance d'un visage vous cloue sur place tant la beauté est pétrifiante. On ne peut regarder Dieu en face au risque de se brûler. Certains hommes non plus. D'autres fois, c'est un détail vestimentaire qui fait partir l'imagination. Souvent, c'est le galbe d'un fessier, le fermeté d'une cuisse, le développement d'un thorax aux pectoraux devinés qui vous (me) fait sourire comme un rayon de soleil dans une matinée brumeuse. Et la tendresse des femmes, leur belle silhouette...
Alors, je me dis qu'ils font bien d'être là, tous ces autres qui n'ont rien à y faire. Ils sont là pour mes yeux, pour mes oreilles, parfois pour mes mains. C'est le cadeau de la vie, les autres. Ils ne font que passer, on les oublie pour la plupart. Certains restent dans les pensées, sans raison autre que la résonance perçue en soi et pas toujours expliquée. Un, parfois, s'attarde pour un épisode du feuilleton de votre vie et puis il s'efface du générique comme il y était apparu: d'un seul coup. Et puis, il y a celui qui peu à peu ne sera plus un autre, celui ... Mais ceci est une autre histoire.
lundi 12 janvier 2009
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4 commentaires:
Pour tes mains ?
Qui l'écriront peut-être...
Ben j'espère la lire bientôt, cette "autre histoire"... Comment qu'il est-y, ce passant qui s'arrête, s'attarde....?
Une chose m'a fait sourire dans ta note : après le paragraphe sur les charmes masculins entr'aperçus (et frôlés ?), le souci de rajouter (un peu) hâtivement 'et la tendresse des femmes, leur belle silhouette'... C'est tout à ton honneur. ;-)
Pas un souci, un besoin d'équité, Lancelot.
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