Hier, l'émission de France Inter, Le Téléphone sonne, était consacrée à la réforme du permis de conduire. Pas vraiment concerné, je n'écoutais que d'une oreille quand, en toute fin d'émission, l'intervention de la dernière auditrice m'a fait bondir. L'idée de cette charmante dame était que, puisque l'on utilise la route, les rues, dès que l'on sait marcher, c'est à dire, pour la majorité des gens, très jeunes, pourquoi ne confierait-on pas la formation dans le domaine de la conduite automobile ou autre à .... mais oui, vous avez deviné: à L'Education nationale! Mais bien sûr, comme disait la commerçante à celui qui avait vu les marmottes plier les tablettes de chocolat!
Allons-y gaîment! Nous avons déjà la sexualité, les conduites à risque, l'écologie, et que sais-je encore à faire passer à nos ouailles en plus naturellement de nos matières. Et je ne parle même pas de la somme de paperasses qui s'alourdit d'année en année, à croire que les administrations ont du génie pour pondre de l'inutile. Bien sûr, la matière la plus apte à faire passer tout ce fatras de connaissances serait le français. Nous sommes censés, nous les littéraires, être réceptifs, ouverts sur le monde, communicatifs et avoir le temps dans nos cours (puisque tout le monde sait bien que nos élèves manient la langue française et la culture attenante avec une dextérité proche du génie!).
Mais, bon dieu, nous avons aussi un programme, nous avons des connaissances de FRANCAIS à faire passer à nos élèves. Lorsque je me suis engagé dans ce métier, ce n'était pas pour parler à des enfants des méfaits du tabac, du danger de certains jeux avec foulard et encore moins de l'art de réussir un créneau (le seul que je tolère est celui de mon programme de littérature médiévale en cinquième). Je voulais leur faire connaître la littérature, la beauté des mots, l'urgence de l'art, la vibration, l'émotion, la rêverie. je voulais les faire s'envoler dans les nuages, pas leur maintenir les deux pieds dans la merde.
Je ne conteste pas que ces formations soient nécessaires aux jeunes, je dis simplement que ce n'est pas l'affaire de l'éducation nationale telle qu'elle existe actuellement. Pourquoi, au lieu d'imposer ça à des hommes et des femmes qui, comme moi, bien que pleins de bonne volonté pour la plupart, n'ont à la base aucune connaissance ni formation dans ces domaines et dont ce n'est pas le métier, pourquoi ne pas créer une structure de formation particulière où les enfants se rendraient à certaines heures, le samedi matin par exemple, sur des périodes obligatoires au cours desquelles des spécialistes leur apporteraient rudiments nécessaires puis solides connaissances? Si, pour l'état, ces apprentissages sont importants, alors qu'il propose une alternative sérieuse et pensée plutôt que d'invariablement charger le même baudet, que, bien sûr, plus tard, quand on se rendra compte que ça ne marche pas, on accusera de tous les mots. Relisez donc Les Animaux malades de la peste.
jeudi 15 janvier 2009
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6 commentaires:
Haut les coeurs !
Bonjour, je comprends votre énervement. Instit. en primaire, j'ai la douloureuse impression qu'on nous envoie dans le mur avec les nouveaux programmes pour pouvoir ensuite crier haro sur le baudet.
Quel sera le profil de ce métier dans quelques années?
J'approuve !
Bah, le permis de conduire, broutille que cela.... Comme de nos jours les parents travaillent tous deux (quand il y en a deux) et qu'ils n'ont plus le temps d'enseigner les basiques, on nous renvoie régulièrement aussi, à nous profs, qu'il faut les préparer à l'école au permis de BIEN SE conduire en leur enseignant les basiques : bonjour merci au revoir propreté courtoisie hygiène etc etc etc... C'est l'école qui doit tout faire. Il n'y a plus qu'elle, de toute façon.
Je te jalouse le jeu de mots, Lancelot. J'aurais aimé y penser moi-même.
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