L'actuelle polémique sur la possibilité ou non de forcer un SDF à intégrer un foyer d'accueil par grand froid extérieur me consterne. Bien sûr qu'il faut pouvoir forcer ces hommes et ces femmes à accepter l'aide qu'on leur propose. Lorsque des gens se perdent en montagne, leur demande-t-on, avant de lancer les équipes de secours, s'ils veulent être secourus ou pas? Et que je sache, la plus grosse partie du coût de ces expéditions revient à la charge du contribuable. Alors les alpinistes sont-ils une race plus précieuse que les clochards?
Je suis également surpris par le total illogisme des réflexions gouvernementales sur l'aide à ceux qui en ont besoin. Ainsi, lorsqu'un condamné à mort à brève échéance, je veux parler ici des gens atteints d'une maladie grave en fin de parcours, demande à ce que l'on abrège ses souffrances en lui permettant de choisir l'heure de sa mort, on hurle au scandale en haut lieu (et souvent ailleurs aussi, d'ailleurs). Un grand malade n'a pas le droit de disposer de lui-même. Alors qu'un clochard, oui. On va le trouver dans son carton, sous une pile de pont et, en lui servant un café ou une soupe chaude, on lui demande s'il veut bien suivre les membres de l'équipe jusqu'à un hébergement provisoire, pour la nuit. Et s'il refuse, on le laisse là, en espérant simplement que le thermomètre ne descende pas trop bas.
Mais est-ce simplement le froid qui tue? Des SDF meurent aussi au printemps, en automne, en été même. On ne peut en accuser le froid. La meilleure façon de tuer quelqu'un n'est-elle pas celle consistant à le mettre ou à le laisser se mettre lui-même dans un état de déréliction tel qu'il ne pourra jamais remonter la pente? Quelle que soit la cause de sa déchéance, sexe, drogue, alcool, perte d'emploi, divorce ou je ne sais quoi, un être humain a droit au respect et à l'aide de ses semblables.
Alors, cessons cette hypocrisie: le libre-arbitre, la liberté de choisir son destin. Y a-t-il réellement choix dans ce cas? Non. Ces gens-là, à ce moment-là, sont comme les grands malades incurables: ils souffrent d'une maladie grave qui se nomme incurie de la société actuelle, qui se nomme insensibilité à son prochain, qui se nomme ineptie politique, de quelque bord qu'elle soit. Aux malades du sida, du cancer, on refuse le droit de mourir, aux SDF on le leur accorde. A eux de choisir! Toujours ça de moins dans les rues! Surtout en cette période proche des fêtes: il est toujours gênant de sortir de chez le pâtissier ou le traiteur les bras chargés de mets à déguster et de se trouver nez à nez avec une trogne rouge et puante qui s'installe sur le trottoir pour la nuit.
Oui, forçons les malheureux à rester en vie, et assurons-leur, nous les sociétés occidentales, qui nous sommes longtemps crues plus civilisées que les autres, une vie non pas riche et prospère mais décente et digne. Et ça, je crois qu'on n'en prend pas le chemin.
dimanche 30 novembre 2008
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3 commentaires:
Tout à fait d'accord avec toi, il y a un politiquement correct qui "juge" et gare à ceux qui s'en écartent !
Evidemment, vu sous cet angle, s'ils gênent quand on sort de chez le pâtissier, c'est différent.
Sans doute devant les pâtisseries un peu chics, pourrait-on les abattre, directement.
Sauf que, l'hébergement d'urgence et obligatoire n'était prévu qu'en cas de - 6°. Super !
Sauf que, connais-tu les conditions de certains de ces hébergements ?
Et puis le lendemain ? Juste un toit pour la nuit et plus rien ? C'est sûr, au gros de l'hiver les journées sont chaudes, elles.
Et puis, c'est curieux comme on voudrait les héberger de force pour les secourir en hiver tandis qu'en été, combien de municipalités signent des arrêtés pour les expulser des villes ? De nouveau à cause des pâtisseries, tiens !
Arrêtons cette hyprocrisie que tu disais. Ben justement, arrêtons.
Eh oui, encore une fois nous avons la même analyse et pas la même conclusion.
J'ai dit qu'on devait aider les gens, pas les masquer ni leur proposer une solution temporaire qui n'en est pas une. Le problème sera presque entièrement résolu lorsqu'on acceptera de le regarder en face, comme les clodos devant les pâtisseries chic.
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