mardi 18 novembre 2008

Qu'est-ce que je fais là?

Demain matin, après deux heures de cours que j'ai absolument tenu à assurer (on ne se refait pas!), je pars pour la journée dans le département de l'Ain, invité à une réunion d'une haute instance en innovation pédagogique.

J'avais refusé plusieurs fois d'entrer dans ce processus, mais on ne peut pas toujours dire non. Avec moi, mais peut-être pas dans les mêmes ateliers, il y aura Evelyne, la collègue qui a été inspectée en même temps que moi, le directeur du collège, et Gilles, le responsable de niveau des 4° avec qui j'ai couru le semi marathon. La présence de tous ceux-là me rassure un peu.

Pourtant je sais qu'en arrivant, avant de plonger au milieu des participants et de faire ma première intervention (je ne peux me taire bien longtemps!), j'aurais comme chaque fois un pincement au cœur, une envie irrépressible de faire demi-tour et de m'enfuir de ce milieu-là. Je crois savoir d'où vient cette petite phobie des établissements scolaires.

Oui, cela peut paraître incroyable mais j'ai une certaine phobie des écoles. J'ai beau y travailler depuis des dizaines d'années, j'ai beau avoir été reconnu dans mon travail, j'ai beau savoir que ce que je fais est efficace et apprécié (je rougis en écrivant cela, mais ce n'est pas moi qui le dis!), je ne peux m'empêcher d'éprouver comme une crainte sacrée en pénétrant dans un de ses lieux.

Je l'ai avoué à Gilles ce matin, qui me parlait de cette même phobie chez sa fille aînée, mais, elle, à un stade beaucoup plus avancé et inquiétant. Je lui ai expliqué que, lorsque j'avais à peu près sept ou huit ans, mes parents m'avaient inscrit pour l'examen des Bourses des Mines. Si je l'avais réussi, la somme octroyée à ma famille aurait été bien supérieure à celle donnée par l'état comme bourse nationale. On m'avait conduit à St Etienne, ville que je ne connaissais pas puisque nous habitions à la campagne, et abandonné à mon triste sort pour un temps que je ne saurais apprécier aujourd'hui. Aucun souvenir des épreuves que j'ai passées. Je ne me rappelle que la déception de mon père en apprenant mon échec et la peur qui m'avait pris lorsque, seul, j'avais dû emprunter un long couloir gris et impressionnant où régnait à la fois le froid et la pénombre. Si le mot austérité a un sens, je le lie étroitement à la vision de ce couloir dans mes souvenirs. L'odeur aussi m'avait pénétré mais je n'ai pas les mots pour la rendre sensible.

C'est sans doute cet événement lié à un échec qui a tout provoqué, le doute en mes capacités comme la conscience (absurde) de ne pas être dans mon milieu naturel, deux sensations que j'éprouve encore parfois aujourd'hui. Heureusement pour moi, les situations de stress dans mon travail ont tendance à me stimuler plutôt qu'à m'abattre. C'est comme ça que je m'en sors!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les phobies ne s'expliquent ni ne se raisonnent... Il serait inutile aujourd'hui de te dire que tu n'en es plus à courir après la bourse des mines, et que c'est idiot de stresser, et que pati et que pata. C'est là, ça reste. Heureusement, tu gères. Très bien apparemment.

Moi dans ce style de réunion, ce qui me donne des sueurs froides et des tremblements dans les mains, pouvant aller jusqu'au désir irrépressible de meurtre, c'est l'idée de me colleter avec les nouvelles inventions pédagogiques, et au jargon qui va avec. C'est là pour moi qu'est le vrai Alcatraz. Heureusement, il y a quelquefois des intervenants intéressants. Heureusement.

Calyste a dit…

Oui, surtout le jargon, cachant souvent le vide absolu d'idées novatrices intéressantes. Tout ces Monsieur Jourdain de la pédagogie qui triture le langage à plaisir. Mais je vais écrire un billet sur cette journée écoulée. Rien de cela, au contraire et heureusement.