dimanche 23 novembre 2008

L'attelage: le remake.

Qu'est-ce qu'il me veut, celui-là? Depuis déjà un bon moment, il ne cesse de me regarder ou plutôt, dirait-on, de regarder mes oreilles.

Voilà dix minutes que je suis entré au parc après avoir longé le Rhône en courant tout au long de la Feyssine. Comme je suis un peu enrhumé, je tousse assez souvent. La première fois, il s'est retourné et m'a aperçu. Moi aussi, c'est à ce moment-là que je l'ai remarqué: un quinquagénaire un peu maigre, le crâne tondu, aux oreilles bien visibles, cheveux gris, qui court de façon dissymétrique, en penchant légèrement sur le côté gauche.

Pour un mec de son âge, il a une bonne foulée. Je vais me calquer sur lui, au moins pendant les premiers tours. Ensuite, j'accélérerai: pour le triathlon, ce rythme ne suffit pas. Je me positionne tantôt devant, tantôt derrière lui. Je lui adresserais bien la parole, mais j'ai peur qu'il interprète mal mon bonjour. C'est peut-être un homo libidineux qui mêle sport et chasse érotique. Il n'en a pas l'air mais je me méfie: tous les homos ne sont pas des folles.

Il tient le rythme, papy. Quand j'accélère, il suit, quand je ralentis, il me repasse et prend la direction de la course. Ce n'est pas désagréable: rien à dire, ne pas se connaître et s'entendre dans la foulée. Tiens, il s'arrête à la fontaine pour boire quelques gorgées. Je pourrais filer mais je préfère l'attendre: je commence à prendre plaisir à notre petit jeu. Je fais semblant de regarder devant mais parfois, à la dérobée, je lui jette un coup d'œil rapide. Il a l'air plutôt d'un intello, prof ou quelque chose comme ça. De quoi? De maths? Peut-être de latin. Ça me rappelle deux-trois mauvais souvenirs:rondella, rondella, rondellam, ... rondella-moi, ma liberté! Mais non, les profs de latin, ça ne courent pas!

En tout cas, un physique d'ascète, une tête à se torcher à la Salvetat. Pas une goutte de vin. Même moi, qui fais sans doute du sport à un niveau plus haut que lui, je cède parfois. Allez, c'est reparti pour un tour.

Finalement, je me sens bien avec ce mec. Il a accepté ma compagnie sans rechigner, il n'a pas l'air de vouloir engager la compétition à tout prix, et même s'il est homo, il est suffisamment viril pour ne pas me faire fuir. Peut-être même que, s'il faisait mine de s'arrêter près d'un bosquet plus épais en me lançant un coup d'oeil appuyé, peut-être ..... Ça m'est déjà arrivé une fois et j'en ai un bon souvenir. Alors, pourquoi pas, vite fait bien fait?

Mais non, il continue. Deuxième tour, deuxième arrêt à la fontaine. Pendant qu'il me rattrape, je sens son regard sur mes fesses et ça me fait bander. Qu'est-ce qui m'arrive? Sans doute le frottement du lycra sur ma queue. Qu'est-ce qu'il en pense de mes fesses? J'aimerais bien le savoir. Mais déjà il est près de moi puis devant. Les siennes, je les vois aussi. Bien, bonne tenue. La cuisse est un peu maigre mais les fesses agréables.

Depuis un moment, je l'ai dépassé et il ne revient pas. Il va sans doute s'arrêter. Dommage. Oui, j'entends qu'il s'arrête. Je ne peux pas stopper sans raison valable. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque, mais comment engager la conversation? Tant pis, je reviendrai vendredi prochain à la même heure. J'aurai peut-être la chance de le revoir. Et alors, je m'arrangerai pour finir autrement l'après-midi. Foi d'hétéro!

Petite fiction dédiée à Olivier et quelques autres qui se reconnaitront!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

He ben mon garçon ! Ce que j'en pense ? Devine !

Calyste a dit…

Je donne ma langue au chat!

Anonyme a dit…

"même s'il est homo, il est suffisamment viril pour ne pas me faire fuir"
Genre ! A croire que par chez toi, ils ressemblent tous à des fofolles permanentées qui font leur footing en se déhanchant sur leurs talons-aiguilles...